21 décembre 1925 : Le Cuirassé Potemkine dans les salles de cinéma

Le 21 décembre 1925, les Moscovites découvrent le premier chef d'oeuvre d'un cinéaste de 26 ans, Serguei Eisenstein. Le film s'intitule Le cuirassé Potemkine et relate une mutinerie qui s'est déroulée vingt ans plus tôt dans ce navire de la flotte de la Baltique.
Le film eut aussi beaucoup de succès en dehors de l’URSS, notamment en Allemagne et même aux Etats-Unis. En France, l’interdiction dont il fut frappé ne fut levée qu’en… 1952 et il fallut attendre 1984 pour que le film soit diffusé sur une chaîne de télévision. Le Cuirassé Potemkine est choisi, en 1958, comme le meilleur film de tous les temps par 117 critiques internationaux lors de l’Exposition universelle de Bruxelles.
La mutinerie du Potemkine, qui éclata le 27 juin 1905, s'inscrit dans la série de mouvements sociaux, politiques et militaires, qui ébranlent le régime tsariste. En cette année 1905, dans tout le pays, les grèves et rébellions se multiplient depuis la révolte sanglante du « Dimanche rouge » du 22 janvier 1905 à Saint-Pétersbourg.
En 1905, la Russie, en guerre contre le Japon, subit une lourde défaite et capitule à Port Arthur. Des grèves et des mouvements révolutionnaires se font jour. Au mois de juin, plusieurs bâtiments de l'escadre du tsar, dont le fameux cuirassé Potemkine, sont au mouillage dans le port d'Odessa. Les marins commentent la situation et se tiennent en liaison avec les ouvriers grévistes. La révolte éclate devant le spectacle des vers qui grouillent sur la viande servie aux marins. Le capitaine décide de faire fusiller les chefs de l'insurrection, mais c'est bientôt la garde ainsi que toute la ville qui prennent le parti des mutinés... Ce soulèvement, qui sera réprimé de façon sanglante, annonce la Révolution de 1917.
La seule scène de l’escalier d’Odessa est certainement la plus célèbre de toute l’histoire du cinéma. Elle inspirera par exemple Brian de Palma dans son film les Incorruptibles. Le Cuirassé Potemkine est "l’ancêtre du modèle hollywoodien" selon le spécialiste du cinéma Aurélien Ferenczi qui note : "L’effet n’y est jamais gratuit, mais toujours au service du récit. On voit ce qui, dans le film, pouvait stupéfier Hollywood — sa violence et sa vitesse, sa quête effrénée du spectaculaire. Au point qu’il était de bon ton, dans les soirées hollywoodiennes du début des années 1930, d’en offrir à ses invités la projection privée…"

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