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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Changements politiques. En Algérie, l'impatience et l'esprit de courte vue mènent à l'impasse.

Une demi-douzaine d'intellectuels réclament des élections présidentielles anticipées mais "sont loin d'y croire" comme solution de l'impasse. Le mensuel de l'armée El Djeich affirme que l'ANP n'a pas à s'en mêler, "point à la ligne". De son côté un ancien ministre chroniqueur évoque "l'usurpation patente de la fonction présidentielle, constituant un coup d'Etat sournois". Par ailleurs, le blogueur note, à côté des coups de dés de courte vue, une sorte d'élévation générale de la hauteur de vue citoyenne qui cherche les moyens de déployer sur un vaste échelle l'action politique unitaire, hors de l'emprise du système et de ses dépendances masquées.  Nous y reviendrons. 

Ils n'y croient pas trop

Conclusion de l'appel d'une demi-douzaines d'universitaires et journalistes pour "l'organisation d'une élection présidentielle anticipée":

"Il va sans dire, que les initiateurs de cet Appel sont loin de croire qu’une élection présidentielle anticipée constituera la solution à l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays. Il y a urgence de sortir de ce statu quo mortifère. La raison voudrait que le pays aille vers une Constituante, avec une période de transition consensuelle. Sans avoir à évoquer l’article 102, l’organisation d’une élection présidentielle anticipée reste possible si les promesses, maintes fois réitérées par le président Bouteflika en personne – particulièrement le discours de Sétif de mai 2012 –, sont assumées au niveau des cercles de pouvoir à l’égard des jeunes générations et de l’avenir du pays". (El Watan)

Point à la ligne, conclut El Djeich

"Mais le citoyen algérien n’est pas dupe de leurs gesticulations comme il n’a aucun besoin de tuteurs obnubilés par la course aux postes de responsabilité et qui, lorsqu’ils se voient isolés, vendent leur âme au diable et mettent leur plume au service d’intérêts revanchards. A tous ceux qui, en secret, ouvertement ou implicitement, réclament l’intervention de l’armée nous rappelons les propos du Vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’ANP, lors de sa dernière visite en 2ème et 5ème régions militaires: «Notre armée demeurera une armée républicaine, engagée à défendre la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale et à préserver l’indépendance du pays. Une armée qui ne se départira pas de ses missions constitutionnelles quelles qu’en soient les conditions et circonstances». Point à la ligne. Source : Editorial d'El Djeich.

Une dangereuse crise constitutionnelle titre Mourad Benachenhou.

Cette profonde crise constitutionnelle, -qui a la forme d'une usurpation patente de la fonction présidentielle, constituant un coup d'Etat sournois- éclatera, sans aucun doute, au grand jour avec la détérioration continue de la situation économique, sociale, financière et monétaire qu'aucun changement du personnel gouvernemental ne pourra freiner.

La volonté affichée de maintenir le statu quo dans les domaines économiques, monétaire et financier, le délestage massif annoncé des biens publics au profit de la nouvelle classe des «prédateurs,» ne changera rien à cette dialectique de l'autodestruction dans laquelle le système politique actuel a ancré l'Algérie, bateau qui continuera à sombrer, sauf sursaut de lucidité dans la cabine de pilotage, quel que soit le capitaine à la barre, sursaut dont on ne voit , hélas! aucun indice ou lueur à l'horizon.

Le temps du «faire semblant,» et du «faire croire» est dépassé. Que les vrais maîtres du pays, quels qu'ils soient, cessent de se cacher derrière un faux «légalisme constitutionnel,» alors qu'ils savent fort bien que la Constitution n'est qu'un rideau de papier imprimé, que l'usurpation du pouvoir suprême a rendu encore plus évident!

Les mises en scène télévisuelles, les manipulations des agendas politiques, les bruits de chaises, les démentis orchestrés, si véhéments fussent-ils, ne peuvent plus cacher la désespérante réalité de l'escamotage sournois de la Constitution. Certains veulent-ils répéter encore une fois le scénario de Juillet à Décembre 1978, près de quarante années plus tard?
Source : Le Quotidien d'Oran

POST-SCRIPTUM

Vacances en Algérie. Le désenchantement des émigrés, selon Akram Belkaïd

"Pour nombre d'Algériens qui ont passé une partie de leurs vacances au pays (...) cette année, il se passe quelque chose d'étrange", écrit ce matin Akram Belkaïd dans sa chronique du Quotidien d'Oran.

"De mémoire de zmigri, je n'ai jamais assisté à un tel désenchantement, à une telle fatigue morale. D'habitude, dans le large cercle d'amis et de relations algériens, début septembre est l'occasion de parler du bled, de faire l'inventaire de ce qui va et de ce qui ne va pas, de partager quelques bons et rares produits venus de là-bas.

Cette fois-ci, l'accablement est presque général. Certes, quelques-uns s'en sont retournés le cœur gros et la larme facile, abandonnant les leurs, la plage de Tichy ou d'Azzefoune, ou les veillées familiales dans quelques villages surplombant la vallée de la Soummam. Mais à dire vrai, la majorité est revenue morose d'Alger, Oran, Batna ou Annaba, certains jurant que l'année prochaine, ils ne se feront plus avoir, qu'ils iront ailleurs, en Turquie, en Tunisie ou en Croatie, histoire de se détendre vraiment et de ne pas reprendre le chemin du travail avec le cafard.

Un ami, ancien camarade de lycée, me parle d'un été comparable à celui de 1988. Deux mois d'ennui, de canicule, de feux de forêt, de rumeurs à propos d'une rentrée sociale et politique de tous les dangers. Un été d'augmentation de prix, de plages bondées et gourbisées. Bref, un été rugueux. Un autre n'a pas aimé les dernières semaines, les moutons partout, dans les rares espaces verts de la capitale, dans les balcons. Une capitale où le manque d'hygiène et de civisme semble être devenu la norme. Et ne parlons pas de ces derniers jours marqués par un abattement général qui ne peut s'expliquer uniquement par l'élimination de l'équipe nationale de football ou par le spleen post-bombance de l'Aïd.

Bref, retour avec un «digoûtage» total. Il faut bien sûr se garder de faire la moindre analyse générale mais ce désenchantement, parfois cette colère, est un signal faible à prendre en compte. Il dit, d'une certaine manière, même s'il n'y a rien de nouveau à ce sujet, que la situation au pays n'est pas bonne, qu'elle empire même. Dans les familles, l'argent commence à se faire rare, les jeunes veulent partir, et le sentiment d'impuissance et de gâchis fait partie des récits de vacances. «A partir de janvier, je commence à compter les jours en attendant l'été. Une fois sur place, je compte les jours, effrayée à l'idée que mon vol retour soit annulé ou décalé», me confie avec un brin d'amertume une professeure des écoles, pourtant wanetoutriste jusqu'au bout des ongles (...).

Texte intégral : Le Quotidien d'Oran

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