AL AHMADIYA, secte ou victimes ?
Ce matin, la presse annonce de nouvelle arrestations et condamnations et excommunications officielles. L'opinion commence à s'interroger sur le bien fondé de cette répression, indique cet article du Quotidien d'Oran
Par Z. Mehdaoui, 1er avril 2017.
Un projet de loi interdisant la pratique de certains rites, y compris celui d'El Ahmadya est au niveau du gouvernement. Avant cela, sept personnes ont été arrêtées à Saoula par la gendarmerie, le mois de janvier dernier, avant que la police n'épingle 10 autres adeptes présumés d'Al Ahmadiyya à Chlef. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) n'a pas tardé à dénoncer ce qu'elle a qualifié « d'atteinte aux droits de l'homme». «La répression du courant religieux d'Al Ahmadya est inacceptable. Cela constitue une atteinte à une liberté fondamentale consacrée par les lois et conventions internationales. Le Conseil national considère que le droit de culte n'est pas une liberté réservée aux dogmes dominants, mais un principe général qui n'a de limite que celui du respect de la dignité humaine », a tenu à dénoncer, dans un communiqué, le 25 mars dernier, la LADDH. Plusieurs associations de défense des droits de l'homme ont dénoncé, même si cela n'a pas été médiatisé, ce qu'elles ont qualifié à leur tour de «persécution d'une minorité religieuse».
Ce qui les distinguent des autres mouvements de réformistes islamiques, selon notre interlocuteur, c'est qu'ils ont une interprétation moderne du thème islamique et des signes annonciateurs de la fin du temps (l'eschatologie) ainsi que l'avènement du Messie/Mehdi vers la fin des temps. « Pour les Ahmadites tous les signes avant-coureurs indique la fin des temps et selon leurs croyances, le Messie (El Mehdi) est venue dans notre monde et c'est le fondateur de l'Ahmadiya», explique M. Radji qui souligne que ce courant n'a rien de différent des autres courants musulmans sauf peut-être pour la prière en groupe (Jamaa). Les Ahmadites, ne prient pas dans les mosquées et préfèrent prier entre eux, affirme le sociologique qui souligne que c'est à cause de cela qu'ils ont été arrêtés par les services de sécurité. S'ils sont autant musulmans que tous les autres, pourquoi alors toute cette campagne contre ce courant ? «Ce qui est grave dans le traitement du sujet d'Al Ahmadiya, c'est qu'on assiste au développement des amalgames. Les médias ne cherchent pas à donner la parole aux Ahmadites», relève le sociologue.
« En Algérie, certains veulent reproduire le mauvais exemple du Pakistan qui a interdit la pratique religieuse de ce courant et la presse rapporte quotidiennement des actes de violence commis contre les Ahmadites », prévient notre sociologue qui conseille d'engager le dialogue pour lever les équivoques.
Sur la question de savoir pourquoi les Ahmadites ne se sont pas organisés dans le cadre d'une association religieuse et éviter du coup toutes ces tracasseries, le professeur d'université, qui affirme qu'il a approché ce courant dans le cadre de recherches, dira que les Ahmadites ont déjà essayé de le faire mais les autorités auraient exigé d'eux de le faire dans le cadre de la loi 2006 promulguée pour les non-musulmans. «Les Ahmadites ont refusé de s'organiser dans le cadre de cette loi parce qu'ils sont des musulmans à part entière », conclut notre interlocuteur.
Source : Le Quotidien d'Oran
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