Tarifs douaniers et investissements. Le gouvernement algérien va-t-il reculer devant l'Union européenne?
« l’asymétrie structurelle dans la manière dont l’accord a été appliqué », c'est ainsi que le ministre des AE, Ramtane Lamamra, caractérisait, justement, hier à Bruxelles le bilan de l'accord d'association signé en 2005. L'Union européenne fait des "gestes" très médiatisés : caution aux prochaine législatives avec le déploiement à la demande d'Alger d'une mission d'expertise électorale, quelques de millions pour former les administrations Algériennes aux mécanismes ... du libre échange.
Pour éviter la question des tarifs douaniers nuisibles à l'Algérie et celle de la grande faiblesse des Investissement européens promis en 2005, l’Union européenne, attaque dans un rapport publié hier l’institution du régime des licences d’importation décidée souverainement par le gouvernement algérien. On peut y lire :
«En janvier 2016, l’Algérie a pris une série de mesures restrictives au commerce bilatéral avec l’UE sous forme d’introduction de licences d’importation non automatiques pour certains produits, tels que les voitures, le ciment et les ronds à béton. Ces mesures protectionnistes prises sans concertation préalable avec l’UE sont venues s’ajouter aux restrictions et entraves au commerce et à l’investissement déjà existantes, en rendant encore plus difficile le climat des affaires pour les opérateurs économiques européens, a déploré l’UE dans un rapport sur l’état des relations UE-Algérie dans le cadre de la politique européenne de voisinage rénovée."
A propos de ces restrictions à l'importation Ali Titouche écrit dans la rubrique économique d'El Watan : "Sur ce chapitre, le gouvernement fait montre d’une fermeté sans précédent malgré les mises en garde contre d’éventuels effets pervers : pénurie, inflation et défiance des partenaires commerciaux de l’Algérie. Mathématiquement en tout cas, il n’est plus soutenable que le pays continue à brûler les chandelles par les deux bouts, à l’heure où la fonte de ses recettes et réserves en devises ne fait que s’accélérer".
Le politologue Abed Charef n'est pas du même avis. Il écrit : "Le gouvernement a basculé dans la mode des restrictions commerciales et des licences d'importations'. Il opte pour la dérision: "Le gouvernement réinvente l'esprit souk el-fellah (...) Cela se traduit par des interdits, des restrictions, des contingentements. Et cela aboutit, immanquablement, aux mêmes résultats : pénuries, explosion des prix, déstabilisation du marché". Quelle autre démarche alternative propose le politologue?
"Deux décisions" : "bannir l'interdit, et ne plus subventionner le dinar". Il ajoute cependant : "S'attaquer au dinar risque, cependant, d'être coûteux, avec un risque sérieux de menace sur la paix sociale. Cela entraînerait des augmentations de prix en cascade dans l'immédiat, ce que le gouvernement ne peut assumer. Mais sur le long terme, les bénéfices en seraient énormes".
Le politologue-journaliste attend le gouvernement capable "d'assumer" la thérapie monétaire de choc en même temps que la levée de "l'interdit" dans les activités d'importation. l'importation qu'il recommande.
Actuellement se tient la session du Conseil d'association chargé d'évaluer l'application de l'accord de 2005. Un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères précise que cette session «revêt un caractère particulier en ce qu'elle est appelée à entériner le document final portant sur les conclusions de l'évaluation conjointe de la mise en œuvre de l'Accord d'association Algérie-UE".
L'accord Algérie-Union européenne signé en 2005 se révèle très vite l'expérience a révélé le marché de dupe. Dès 2011, le centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis), publiait des chiffres qui révélaient que hors hydrocarbures, pour un dollar de produits exporté vers l'UE, l'Algérie en importe pour 20 dollars.
En réalité, cet accord a ouvert la voie à un renforcement considérable du poids spécifique de la bourgeois compradore (les lobbys de l'import) dans le pays et dans le pouvoir, affaiblissant ainsi considérablement la possibilité d'une politique de développement ambitieuse.
En mars 2016, le Directeur des accords régionaux auprès du ministère du commerce annonçait à la Radio chaine III, que L'UE est prête "à revisiter l’Accord d’association". Saïd Djellab estime que cet Accord ‘’fonctionne dans un seul sens‘’ en défaveur de l’économie algérienne.
En janvier dernier la Direction des recouvrements des Douanes, évaluait à 700 milliards de dinars, "le manque à gagner" en droits de douane, du fait de l’accord d’association (libre-échange) avec l’Union européenne.
Deux jours après cette publication, le chef de la délégation de l’Union européenne en Algérie, John O’Rourke, accorde un entretien à la chaîne télévisée El Djazaïria, où il affirme : « Est-ce que l’accord d’association sera renégocié ? Non, et ça c’est une position assez clairement transmise par la partie algérienne, l’Algérie ne voit pas la nécessité de renégocier l’accord ».