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Publié par Saoudi Abdelaziz

Grève chez Cevital en 2012. Photo DR

Grève chez Cevital en 2012. Photo DR

Les luttes sociales et la vie syndicale sont sans doute les sujets les plus fréquemment traités dans ce blog, depuis sa création il y a cinq ans. A la veille du 61è anniversaire de la création de l'UGTA, nous avons sélectionné quelques notes récentes, qui traitent des questions d'orientation sensibles auxquelles sont confrontés l'UGTA, cantonnée dans le secteur économique public et les syndicats dits autonomes, cantonnés dans la fonction publique. Les uns et les autres étant quasiment absents dans les secteurs privé et mixte.

Normalisation de l'UGTA et confinement des syndicats autonomes 

Noureddine Bouderba, ancien syndicaliste, aujourd’hui spécialiste des questions sociales fait le point sur la situation des syndicats, à la veille de l'anniversaire de la création de l'UGTA, le 24 février 1956. EXTRAITS.

"La Constitution de 1989 avait consacré le pluralisme syndical. Il devait permettre l’émancipation de l’UGTA par rapport au pouvoir. Le processus semblait bien parti avec le congrès de 1990, mais l’UGTA allait se retrouver une nouvelle fois piégée par la politique.(...)

La normalisation de l’UGTA, une fois de plus, s’est traduite par une neutralisation de l’action revendicative et une répression sans précédent contre les syndicalistes qui s’étaient opposés au PAS du FMI et à ses effets. A partir de 2001, l’UGTA n’a pas fini de tourner le dos aux travailleurs, soutenant la politique néolibérale entamée en 2001.

En 2003, c’est l’UGTA, lors de la tripartite, qui avait, au grand bonheur du patronat, demandé la révision du code du travail. Le pacte économique et social de 2006, renouvelé en 2014, a beaucoup servi le patronat et très peu les travailleurs. Enfin en 2016, c’est toujours l’UGTA qui a demandé la suppression de la retraite sans condition d’âge et la retraite proportionnelle.

Mais l’UGTA c’est aussi ces militants de la base, à l’instar de ceux de la zone de Rouiba qui continuent, à contre- courant des positions de l’appareil central, à défendre, bon gré malgré, les intérêts matériels et moraux des travailleurs et à combattre les effets de la politique néolibérale sauvage qui les écrase. Ce sont ces noyaux qui incarnent, avec les syndicats autonomes, l’espoir des travailleurs pour pouvoir peser sur le rapport de force qui est en train de façonner le nouveau projet de société et un nouveau statut social pour les salariés."

L'état des libertés syndicales

"Si je dois résumer l’état des libertés syndicales en Algérie, je dirais que le pluralisme syndical est reconnu de jure, mais interdit de facto. Même consacré par la Constitution depuis 1989, le libre exercice du droit syndical connaît des limites qui empêchent les travailleurs de s’organiser librement pour défendre leurs intérêts matériels et moraux. Ces derniers doivent non seulement faire face aux obstacles dressés par la loi et la réglementation, mais aussi aux pratiques répressives des pouvoirs publics et des employeurs.

C’est ce qui explique l’absence quasi totale de syndicats (y compris l’UGTA) dans les secteurs privé et mixte qui emploient, il faut le rappeler, plus de 3 millions de travailleurs. Au niveau du secteur économique public, seule l’UGTA est tolérée, à charge pour la direction de cette dernière de «réguler» l’ardeur et l’esprit revendicatif de sa base. Reste la Fonction publique où le mouvement syndical autonome a pu, en 25 ans, imposer sa reconnaissance relative sans pour autant arriver à prendre son essor à cause des pratiques des pouvoirs publics.

Reste que l’intersyndicale, récemment constituée, (en convergence avec les îlots combatifs de la base de l’UGTA) pourrait être le fer de lance et le tremplin de l’essor du mouvement syndical autonome en Algérie à la condition que les syndicats qui la constituent préservent, dans leurs démarches, les trois qualités qui ont fait leur force à ce jour : 1- dépasser tout esprit corporatiste. 2- Consacrer la démocratie comme règle d’or dans leur fonctionnement. 3- Privilégier les revendications unitaires et communes qui concernent l’ensemble des travailleurs, telles celles liées au statut du salarié en Algérie, à la protection sociale, au pouvoir d’achat et enfin au libre exercice du droit syndical et tous ses corollaires.

Texte intégral: El Watan

L'unijambisme syndical de Sidi Saïd et des syndicalistes "sauveurs"

Par Saoudi Abdelaziz, 24 Novembre 2016

Des syndicalistes UGTA de l'éducation nationale ayant participé aux actions de grève sur les retraites et le Code du travail sont sanctionnés par Sidi Saïd. De leur côté des syndicalistes autonomes veulent aller jusqu'au bout pour "sauver l'Algérie".

La mesure de Sidi Saïd est refusée par La commission executive de wilaya de l'UGTA de Tizi-Ouzou qui demandent dans une déclaration publique "le rétablissement des syndicalistes sanctionnés». La commission explique que leurs actions contre les projets gouvernementaux sont légitimes car elles "sont l’émanation des avis des travailleurs et des syndicalistes de la wilaya de Tizi Ouzou, maintes fois exprimés lors des conférences et de divers regroupements.»

L'affaire de Tizi Ouzou exprime deux conceptions qui s'opposent dans l'UGTA. Pour Sidi Saïd, les syndicats du secteur public ne peuvent conduire de grève sans autorisation hiérarchique. Ce mandat a été donné à Sidi-Saïd par le pouvoir, après l'assassinat de Abdelhak Benhamouda en janvier 1997. Il s'en acquitte depuis bientôt 20 ans et chaque année, à la Fête du travail, il renouvelle fièrement son serment d'allégeance au chef de l'Etat.

L'autre conception préconisée par les secteurs authentiquement syndicalistes de l'UGTA c'est que la défense des intérêts des salariés est d'abord l'affaire des syndiqués en consultation avec avec leurs collègues. Le rôle de la centrale syndicale n'est pas une copie du rôle de l'Etat-major de l'ANP. La centrale doit être un instrument de la solidarité entre les salariés et de leurs capacités de négociation, face aux pouvoirs politiques et économiques.

Unijambisme syndicale

Sidi Saïd est un homme du passé. Dans les temps actuels de plus en plus difficiles, c'est le rapport de forces créé par le mouvement de masse, combiné aux capacités de négociations qui permet les meilleurs résultats possibles pour les revendications syndicales. Cette évidence n'est pas comprise par l'actuelle centrale UGTA dirigée par Sidi Saïd qui s'oppose systématiquement aux grèves.

«Nous devons sauver l’Algérie et les travailleurs, c’est notre mission en tant que syndicats autonomes et nous allons la mener quel que soit le prix à payer» plastronnent des syndicalistes autonomes cités par le Soir d'Algérie. Face à la défense de la paix sociale chère à Sidi Saïd, on retrouve l'excès inverse parmi des syndicats autonomes. Pourtant le tout ou rien, l'insuffisance des capacités de proposition alièneront inévitablement aux syndicat autonomes le soutien de la masse des salariés et celui de l'opinion publique.

Ces deux démarches unijambistes conduisent à la surpolitisation de l'action syndicale acculée au choix de soutenir ou d'abattre le régime en place. Ce qui n'est pas dans sa nature, sauf dans des circonstances historiques rarissimes, comme celui, courageux, des syndicalistes tunisiens en janvier 2011. Le jusqu'au boutisme syndicale enchante les états-majors néolibéraux qui incitent les médias qu'ils contrôlent à pousser à la roue. Les syndicats autonomes sont mis en vedette, en espérant que leur usure puis leur échec, affaiblissent le mouvement social d'ensemble contre l'austérité néolibérale. D'une pierre deux coup.

Rouani Djamel : « Nos syndicats enseignants manquent de repères»

8 avril 2012.

(...) En revenant d’une séance de travail avec le ministère de l’Éducation, j’ai été amené à faire cette réflexion que le défaut est en nous-mêmes, nous syndicalistes. Nous ne défendons pas les acquis de la Nation. Nous sommes juste tombés dans les surenchères de classement de catégories des travailleurs de l’Éducation tout en oubliant le malaise de l’École. A la veille de l’échéance électorale, les milliers d’enseignants attendent leur rappel historique et une nouvelle vague de protestation vient des 23 wilayas pour les indemnités du Sud et les primes zonales.

Nos syndicats manquent de repères. Nos syndicats sont devenus de simples « revendicateurs» de sous et de rappels à effet rétroactif. Nous nous battons pour un déverrouillage des carrières mais nous devons également défendre la prime aux démunis et le pack scolaire gratuit pour tous les enfants de l’Algérie.

Nous avons entendu dire que des tonnes de machines-outils et d’équipements pédagogiques sont enfermées dans les technicums après l’exécution de l’option de démantèlement des lycées techniques. Une question restera toujours posée : que deviendra ce matériel ? Des informations circulent à l’ouest, dans l’Oranie, selon lesquelles ces équipements ont été retrouvés sous forme de déchets ferreux sur le marché de la récupération !

Faut-il continuer à se taire face à ce désastre ?

Nous devons, nos amis, défendre aussi l’école algérienne de ce fléau de « l’École de soutien», de cette École marchandise à 400 DA de l’heure. Un petit calcul sur les 600.000 élèves de terminale et même de cette vague des élèves du BEM, nous donnera un chiffre sur l’étendue de ce marché parallèle.

Et un petit regard sur le livre scolaire pour dire que nous défendons les moyens de production de l’Office national pédagogiques scolaire. Avec les perturbations, nous craignons que le quota de production n’aille au secteur privé car nous défendons la gratuité du livre scolaire et le minimum pour son coût de production. Le corps commun en Algérie avec ces milliers de travailleurs qui ne cessent d’avancer leurs revendications pour une vie décente. Le SMIG ne suffit même pas pour survivre quelques jours. Il est de notre devoir d’appuyer leurs revendications et d’être solidaires avec eux. 

Publié dans Alger-Républicain

Ali Haddad, le patron des patrons représente aussi les salariés!

20 janvier 2015

Ali Haddad, le puissant et systémique patron de Btp, qui a remplacé le débonnaire Réda Hamiani à la tête du FCE, va droit au but : la politique de l'emploi doit être subordonnée aux besoins exprimés par les entreprises, à travers, "l’exigence croissante de flexibilité du travail pour favoriser la création d’emplois".

Qu'un patron revendique des réglements l'autorisant à pressurer, juste le temps qu'il faut, une main d'oeuvre jetable, c'est naturel. N'est-ce pas l'idéal pour maximiser le profit? Mais que faut-il penser lorsque le nouveau patron des patrons affirme comme le rapporte le site TSA-Algérie :  "Paraphrasant l’ancien Secrétaire Général de l’UGTA, le défunt Abdelhak Benhamouda, M. Ali Haddad, a repris cette célèbre déclaration : « entre l’entreprise et l’emploi, je choisis l’entreprise ». Exit les contradictions d'intérêt entre patrons et salariés, l'entreprise est le lieu de l'union sacrée, sous l'égide de M. Haddad!

Ali Haddad pourrait donc aussi être habilité à parler au nom des syndicats. Sur  le Code du travail, par exemple. L'idée semble être partagée par le gouvernement. Le patron des patrons annonce, selon l'agence APS   : "Une commission mixte entre le ministère du Travail, de l'emploi et de la sécurité sociale et le Forum des chefs d'entreprises (FCE) va être mise en place, la semaine prochaine, pour l'élaboration du futur code du travail". Il précise : L'actuel code du travail, datant des années 1990, "nécessite une actualisation pour s'adapter aux évolutions du marché du travail et à l'émergence de nouvelles technologies" précise Ali Haddad à la presse à l'issue de sa rencontre avec le ministre du Travail, Mohamed El Ghazi". L'APS précise : " Cette future commission devrait également examiner les problèmes et obstacles liés au chômage, à l'emploi et à la sécurité sociale et permettre un meilleur accompagnement des entreprises nationales créatrices d'emploi, a souligné, de son côté, M. El Ghazi".

Exit les syndicats de salariés exclus de cette curieuse tripartite à deux!  Source :  Blog

Lire aussi: Comment, dans le silence médiatique, Rebrab a imposé le désert syndical à Cevital

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