LEGISLATIVES. Aït Benali Boubekeur: "La participation est plus souhaitable que le boycott"
"Il va de soi que les élections en Algérie, dans l’état actuel des choses, ne constituent pas la garantie d’un changement tant souhaité par les Algériens. Toutefois, les risques de dislocation nationale sont tels que la participation est plus souhaitable que le boycott.
Le FFS ne marchande ni la démocratie ni le patriotisme
Par Aït Benali Boubekeur, 12 novembre 2016
Depuis l’arrivée d’Abdelmalek Bouchafa à la tête du secrétariat national du FFS, le parti affiche une radicalité qui a, dans le passé, fait sa grande force. Bien que ses prédécesseurs n’aient pas démérité, le nouveau premier secrétaire national se distingue par son discours de fermeté. Pour ceux qui se rappellent des messages incisifs de feu Hocine Aït Ahmed, la dernière réponse du FFS à la correspondance de la présidence de la République s’inscrit indubitablement dans la même logique.
En tout cas, conformément à la ligne politique chère au fondateur de l’opposition algérienne, le FFS ne réduit jamais un problème politique à l’échelle d’une personne, et ce, bien que la responsabilité des hommes puisse être engagée. En effet, la nomination d’Abdelwahab Derbal à la tête de la haute commission de surveillance des élections n’est ni à l’origine de la crise et ni le début du dénouement de la crise politique que vit le pays depuis des décennies.
Par ailleurs, bien que le chef de l’État évoque le texte fondamental en vue de justifier cette nomination, il n’échappe à personne que la révision de la constitution n’a pas mobilisé au-delà du cercle présidentiel. Car, le chef de l’État n’avait aucune volonté d’associer la classe politique.
De toute évidence, ce qui importe au FFS, c’est le traitement objectif de la situation politique du pays. Bien que le régime claironne que tout va bien, les Algériens ressentent les effets néfastes de la gestion chaotique des affaires de l’État. « Le FFS considère l’absence de consensus national sur les conditions d’exercice du pouvoir et sur les conditions de la gouvernance du pays comme la cause principale des dysfonctionnements qui sapent la confiance des citoyens dans la représentation sociale et politique », regrette Abdelmalek Bouchafa.
Plusieurs exemples peuvent étayer la thèse défendue par le FFS. Depuis l’indépendance, les dirigeants sont choisis sur leur capacité à pérenniser le système et non sur leur aptitude à mener le pays sur la voie du développement. Bien que les meilleures occasions se multiplient à foison en 54 ans d’indépendance, force est de reconnaître qu’à chaque effondrement des prix du pétrole, le pays se retrouve fragilisé.
Par ailleurs, si dans tous les pays réellement démocratiques, le pouvoir politique exécute le mandat octroyé par le peuple, en Algérie, le pouvoir s’appuie sur une clientèle –laquelle crie si fort pour qu’on la prenne pour le peuple –ne donnant son soutien qu’en contrepartie financière.
Quant aux élections que le régime compte organiser, elles ne peuvent être ni propres ni honnêtes, pour reprendre l’expression de feu Hocine Ait Ahmed en 2012. De la même manière, il est illusoire de croire qu’elles puissent contribuer d’une façon ou d’une autre à résoudre la crise politique. Pour ceux qui ont compris les messages de Hocine Aït Ahmed en 2012, la participation du FFS ne tendait ni à changer la donne ni à cautionner la fausse élection. Pour lui, la seule raison résidait dans le souci d’éviter l’effondrement de la nation et non celle du régime.
Du coup, pour rester fidèle à la ligne politique définie depuis des lustres par feu Hocine Aït Ahmed, le fait que le FFS refuse de commenter la nomination de Derbal ne signifie pas le boycottage systématique des prochaines échéances électorales. Au moment opportun, le conseil national du FFS décidera en toute autonomie sur la participation au non du parti aux futures législative.
Comme en 2012, les arguments de la participation et de la non-participation se valent. Comme en 2012, le patriotisme et la défense de la démocratie doivent aller de pair. Hélas, ces dernières années, les risques de dislocation nationale incitent les formations patriotiques à adopter des choix difficiles. C’est incontestablement une pilule dure à avaler. Mais, s’il faut éviter l’effondrement de l’Algérie, elles devront participer. En ma qualité de sympathisant du FFS, si le parti décide de participer, je voterai avec enthousiasme.
Pour conclure, il va de soi que les élections en Algérie, dans l’état actuel des choses, ne constituent pas la garantie d’un changement tant souhaité par les Algériens. Toutefois, les risques de dislocation nationale sont tels que la participation est plus souhaitable que le boycott. L’exemple du voisin libyen ou le cas syrien nous enseigne que s’il y a l’effondrement de l’État, il n’y aura ni régime ni opposition. La destruction va broyer tout.
Source : Aït Benali blog