Remettre les compteurs à zéro : Le message d'une grève réussie
C'est l'injonction formulée par les grévistes, qui ont étroitement associé la contestation de la mesure sur la retraite anticipée à la politique plus globale du pouvoir qui consiste à mettre à l'écart les représentants des salariés des décisions qui engage leur sort.
Quelques jours avant la grève d'hier, Kamel Amghar un éditorialiste de la Tribune, appelait à une démarche de bon sens : "A la lumière des déclarations des uns et des autres, il semble qu'il suffirait de partager la poire en deux pour aplanir le différent. Rétablir l'accès à la retraite après 32 années de services, revendication largement partagée par tous les corps de métiers, semble de nature à satisfaire tout le monde. Cela constitue, en tout cas, une offre sérieuse pour l'entame du débat sur la question". Entame du débat... Mais pour aller vers un compromis de bon sens, il fallait donc suspendre le processus engagé par le gouvernement et remettre les compteurs à zéro.
Une pratique que le pouvoir n'accepte pas encore dans notre pays. Avec la complicité de l'UGTA emprisonnée dans le mécanisme du système. Devant les parlementaires, le représentant de Sidi Saïd, Lakhdar Badredine a affirmé hier: «L’UGTA s’est engagée avec le gouvernement pour accompagner le projet de loi sur la retraite . la démarche du gouvernement est cohérente, logique pour sauver le système des retraites".
Le succès incontestable de la grève indique que le temps est venu d'admettre le droit de regard du monde salarial sur tout ce qui le concerne et de donner du temps à la négociation. Le patronat semble être aujourd'hui le seul partenaire social à qui est accordé ce pouvoir d'influence sur les décideurs. Sur des sujets sensibles comme la sauvegarde du pouvoir d'achat, les relations professionnelles et le Code du Travail, la FCE de Ali Haddad est très présente dans les mécanismes quasi-occultes d'élaboration des décisions, tandis que la bureaucratie de UGTA "suit", en échange de la gestion du pactole considérable des oeuvres sociales dans le secteurs hors fonction publique. Quant aux syndicats autonomes, ils n'ont aucun mot à dire.