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Publié par Saoudi Abdelaziz

Photo DR

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Extraits de l'article d' Ilhem Rachidi, la correspondante de Mediapart à Rabat, paru le 4 octobre 2016

(...) Ce mot, remis au centre du débat politique par le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, a dominé l’actualité à l’approche des élections législatives prévues le 7 octobre 2016.

« Le tahakoum, c’est le pouvoir réel, le pouvoir central. L'objectif est de contrôler le jeu politique et les ressources économiques », explique Me Abdelaziz Nouaydi, ancien professeur de droit constitutionnel et de sciences politiques et ancien conseiller du premier ministre Abderramane Youssoufi (de 1998 à 2002), aujourd’hui avocat au barreau de Rabat et conseiller de Human Rights Watch ainsi que de Transparency International pour la région Afrique du Nord et Moyen-Orient.

« Pour cela, tous les moyens sont bons, y compris en utilisant les partis dits de l'administration qui, s'ils ne sont pas majoritaires, sont toujours là dans des coalitions et des majorités sous contrôle. Autres moyens : des services publics qui ne sont pas neutres dans la concurrence et qui sont mobilisables le moment voulu… Le jeu politique ne peut se faire normalement dans ce contexte. »

De nombreux partis politiques sont « télécommandés », précise Abdelaziz Nouaydi, laissant seulement deux forces politiques crédibles et relativement indépendantes au sein du parlement issu des élections de 2011, selon lui : le PJD et le PPS. De même que la Fédération de la gauche démocratique (FGD), composée de trois partis de gauche dont le Parti socialiste unifié (PSU) de Nabila Mounib, qui avait soutenu la contestation en 2011 et qui a renoué avec la participation en 2015. Elle propose une troisième voie et suscite un réel espoir chez les militants et les sympathisants de gauche.

Face à ces contraintes, le PJD peut-il, s’il est reconduit, réellement lutter contre la mainmise du tahakoum sur la vie politique marocaine ? Rien n’est moins sûr. « Benkirane ne pourra jamais appliquer des mesures que le pouvoir central ne veut pas parce qu’il n'a pas le pouvoir et n’a pas d’alliés forts », poursuit Nouaydi. Il résume l’équation politique à laquelle fait face le chef du gouvernement depuis la victoire de son parti en 2011, compliquée par un contexte international peu favorable aux islamistes, surtout depuis l'apparition de Daech : « Nous avons un gouvernement qui a des opposants de l’intérieur, poursuit-il. Le gouvernement est faible. Benkirane n’a pas cessé de faire des concessions au pouvoir au niveau politique et social. Il a renoncé à ses pouvoirs constitutionnels et appliqué des mesures drastiques, parfois courageuses, pour sauvegarder les équilibres budgétaires et l'avenir des retraites. Le bilan pour ce qui est du combat contre la corruption reste médiocre, car elle est endémique et inhérente au système politique lui-même. »(...)

Le journaliste de sensibilité de gauche Imad Stitou estime que, pour ces élections, le vote dépasse les clivages idéologiques : « Nous avons un gouvernement qui ne gouverne pas, certes, et une constitution non démocratique, mais au moins, le premier parti issu des urnes peut former un gouvernement. Ce qu'ils veulent faire maintenant, c'est enlever même cela et revenir en arrière. Si on perd même cela, on n’aura plus rien. Si un parti royaliste comme le PJD, qui a fait plein de concessions au régime, n’est pas vu d’un bon œil par le Palais, alors comment vont-ils réagir avec les partis de la FGD, le jour où ils auront un poids électoral ? »

Source: Mediapart

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