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Publié par Saoudi Abdelaziz

Les concessions sur une grande échelle de terres du domaine public se poursuivent en faveur de grandes entreprises. Elle portent dorénavant sur des dizaines de milliers d’ha. Un consortium américain associé à un investisseur algérien vient d'obtenir 20.000 hectares à El Bayadh où seront combinés la culture de céréales et l'élevage.

On annonce également la signature, dans le même domaine, de deux autres contrats entre des investisseurs algériens et américains. Il s'agit d'un méga projet de 50.000 ha et d'un autre de 25.000 ha toujours dans la wilaya d'El Bayadh.

 

Expert en agriculture, enseignant-chercheur à l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier, Omar Bessaoud mettait en garde, en août  dernier : 

"Les options prises ces dernières années ont été largement en faveur du modèle de la grande entreprise et le «Plan Filaha 2019» affiche clairement l’objectif de création de fermes intégrées (350 projets) de grande dimension avec des concessions de terres qui portent aujourd’hui sur des dizaines de milliers d’ha.

La question est, d’une part, de savoir si ce modèle est la solution pour résoudre la question de l’offre et de la productivité du secteur, et, d’autre part, quel avenir réserve-t-on pour la paysannerie ? En d’autres termes, la question posée est de savoir si l’on peut construire une agriculture sans agriculteurs, et en tirer toutes les conséquences, y compris sur le plan politique. Comment intégrer la diversité des exploitations agricoles dans les objectifs de politique agricole et de sécurité alimentaire et soutenir équitablement les agriculteurs dans tous les territoires qui, comme on le sait, assurent la sécurité alimentaire de leurs familles et de régions entières du pays. Ce sont là des questions fondamentales et vitales pour l’avenir.

Pour illustrer mon propos et pour prendre un exemple, je pose la question de savoir sur quel groupe ou quelle forme parier pour l’avenir de la production laitière ou céréalière : les centaines de milliers de petites et moyennes exploitations agricoles (ne possédant pas plus de 5 vaches laitières/exploitation ou 10-20 ha de céréales) ou les fermes intégrées et équipées de 1000 vaches, de fermes de dizaines de milliers d’hectares données en concession et gérées par des managers ?

Peut-être que rien n’interdit ce dernier choix (sur quelles analyses et études se fonde-t-il par ailleurs?), mais j’attire l’attention, en me référant à la fois à l’histoire de l’Algérie (qui concerne le sort fait par la colonisation à la paysannerie, le rôle qu’elle a joué dans la lutte de libération et actuellement dans la stabilité politique du pays), mais aussi aux expériences de pays (y compris l’expérience malheureuse de la Syrie), qui ont précédé l’Algérie dans cette voie, sur les conséquences sociales et politiques du choix fait en faveur de ce que j’appelle une «agriculture sans agriculteurs» ou d’entreprises qui ne sont pas des «gens de la terre», comme le disait en son temps A. Berque, fin connaisseur de l’économie coloniale (...).

Un modèle de croissance agricoles fondé sur une exploitation intensive des ressources en eau et en sol confié à un seul «pôle capitalistique» - et contraignant des milliers de paysans à survivre dans de petites exploitations - ne pourra faire face ni aux défis des changements climatiques, ni à celui de la protection des ressources naturelles largement dégradées, ni, in fine, à celui de la sécurité alimentaire.

Le pôle de l’agriculture familiale est en attente d’une reconnaissance et d’une politique forte lui permettant d’améliorer sa contribution à la sécurité alimentaire du pays. L’Etat doit énoncer des mesures de promotion des petites et moyennes exploitations agricoles familiales par l’appui à la reconversion des cultures, à l’intensification (des céréales), à la diversification des activités et au développement des produits de qualité et des produits de niche dans les différents terroirs du pays.

L’on ne peut construire une agriculture sans agriculteurs et l’Etat se doit de poursuivre un processus de modernisation des exploitations familiales.

Il doit les aider au moyen de dispositions fiscales et réglementaires à se doter d’outils collectifs de proximité (coopératives d’utilisation de matériel, coopératives de commercialisation...) leur permettant de réaliser les économies d’échelle et de mieux se positionner dans la chaîne de valeur. Etroitement liée aux formes d’organisation sociale, la question foncière constitue l’une des questions centrales des politiques agricoles (...).

Lire la suite dans : El Watan

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