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Publié par Saoudi Abdelaziz

Un expatrié qui refuse le spectacle du burkini, parcequ'il empêche de se faire reconnaître par "le mérite, le travail bien fait et le respect de la société qui nous fait une place… au soleil". Un indigène de la République de deuxième génération qui explique pourquoi "alors qu’en juillet aucune des trente villes qui prendront un décret n’a fait état d’un problème à propos du « burkini », voici que brusquement le problème apparaît partout".

EXTRAITS

Cet Occident que nous ne cessons de dénigrer, de haïr et de combattre est le même qui nous fait rêver, que nous aimerions rejoindre, ne serait-ce que pour son industrie, son système de santé et sa propreté. Celui-là même qui produit nos outils, façonne nos goûts, élabore nos techniques, et démocratise les vaccins de nos enfants. Cet Occident que nous envions, qui nous paraît arrogamment libre et épanoui. Celui-là que nous voulons atteindre à tout prix, souvent au péril de nos vies, sur des chaloupes ou dans les cales des bateaux.

Que lui apporte-t-on en retour, lorsque le rêve du visa se concrétise sur l’une des feuilles de nos passeports, ou que la coque de l’embarcation clandestine qui nous transporte caresse tendrement les sables de la rive nord méditerranéenne? Que faisons-nous pour remercier cet occident tant envisagé? On lui appose tout simplement une fierté divine démesurée, qui nous donne tous les droits; moyen légitime de dicter nos lois. On ne recherche plus la discrétion (comme lorsqu’on était des sans-papiers ou que nos aïeux s’y étaient établis) mais plutôt la visibilité arrogante, cousine de la provocation et bru du mépris.

Notre créativité est débordante dans ce sens, et "l’hérésie libertine" du burkini n’est qu’une pièce difforme (une de plus) que l’on essaie d’imbriquer par tous les moyens, dans le grand puzzle des traditions occidentales. Une greffe inutile dont le rejet est plus qu’assuré. Pourquoi insister, dès lors que l’on sait que cette "innovation" est superflue ? Si c’est pour l’honneur, il n’est sûrement pas une question d’accoutrement, et si c’est par pudeur,c elle-ci ne se mesure pas à la largeur de peaux de femmes couvertes. La fierté s’acquiert et le respect se gagne par la profondeur de nos actes et leurs utilités pour la communauté. Nous devons en tant qu’expatriés forcer l’admiration par nos actions méritoires et non par des opérations provocantes et improductives. Si c’est la visibilité que l’on cherche; alors trouvons-la dans le mérite, le travail bien fait et le respect de la société qui nous fait une place… au soleil. Hebib Khalil. "Burkini contre progrès : la lettre d'un expatrié". Le Matin-dz

 

Pendant le mois de juillet la presse ne s’est faite le relais d’aucune difficulté sur les plages à propos des tenues vestimentaires. Une nouvelle fois une pratique sociale est désignée comme « problème » non pas par la population mais par une autorité politique. Le moment de l’arrêté indique son caractère opportuniste. Il s’agit simplement d’utiliser le contexte d’émotion intense lié aux deux drames de juillet pour faire avancer un agenda préétabli : imposer l’immigration et l’identité comme deux centralités de la présidentielle.

En reliant ces deux thèmes à la question du terrorisme la dimension problématique est posée. En faisant ce lien dans un contexte d’émotion publique intense, la nécessité d’une « urgence de l’action » est suggérée avec en implicite un appel à chaque citoyen à dénoncer les « fraudeurs ». C’est ainsi qu’un « problème » produit « par en haut » se transforme en problème « d’en bas » pour une partie de la population. L’épidémie de décrets qui suivent celui de Nice confirme le caractère sur-idéologisé du « problème ». Alors qu’en juillet aucune des trente villes qui prendront un décret n’a fait état d’un problème à propos du « burkini », voici que brusquement le problème apparaît partout.

(...) Il s’agit plus simplement de la stigmatisation des musulmans réels et supposés diffusée largement par une multitude d’islamalgames : islam incompatible avec le féminisme, avec la laïcité, avec la république, etc. Même pour les femmes invoquant leur croyance religieuse pour porter cette tenue de bain les explications dominantes inversent la réalité. Alors que cette tenue est un signe d’une volonté de présence dans l’espace public, il est interprété comme « communautarisme ». Alors qu’elle est un indicateur d’une « intégration à la plage », elle est présentée comme « menace pour l’ordre public ».

Saïd Bouamama.  "Leçons et conséquences d’un été révélateur : la construction progressive des conditions d’un pogrome" Le blog de Saïd Bouamama

 

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