Quand Ouyahia et Djilali jouent la partition de Manuel Valls
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Manuel Valls semble avoir tapé dans le mille, si en publiant la photo, son objectif était d'affaiblir les capacités unitaires des algériens à s'opposer aux dictats occidentaux. Pour ou contre le départ immédiat de Bouteflika, c'est la ligne de démarcation proposée! L'appel à cette guerre de succession-sécession vise à détourner l'intérêt grandissant des Algériens en faveur des initiatives patriotiques authentiques qui peinent à imposer des solutions consensuelles de fonds à l'impasse du système.
Balles au bond
Après avoir pourtant reconnu que «c'est un coup monté à Pari», Ahmed Ouyahia tombe à pieds joints dans le piège de la photo. Selon lui, si la photos soulevé tant d'émotion, c'est que Bouteflika est victime d' Algériens manipulés par Paris. Mais ne partira pas, s'engage l'ancien Premier ministre : «Si sa santé a diminué, il s'est renforcé par le soutien du peuple algérien, il continuera malgré les pièges et la haine des traîtres».
"Bouteflika doit quitter le pouvoir" déclare en contrepoint Sofiane Djijali le président du minuscule Jil Djadid. Djilali partage avec Ouyahia la partition écrite par Manuel Valls, lorsque s'adressant au président de la république il s'exclame : «Sortez de l’enfer dans lequel vous vous êtes laissé enfermer. Donnez-vous une chance de ne pas être accusé par l’histoire d’avoir été le fossoyeur de l’Algérie, d’avoir été la cause du sang qui pourrait couler, d’avoir sciemment organisé la déroute nationale».
Panaches
Ce qui est excessif est insignifiant rassure l'adage. Les Algériens ordinaires, c'est à dire les plus authentiquement politisés, observent de loin cette agitation forcenée. Brahim Takheroubt qui se rallie au panache de Ouyahia s'étonne dans son éditorial du quotidien l'Expression de la mollesse des partisans de Bouteflika : "Où sont passés les fils de chahid, les fils de moudjahidine, l'Organisation nationale des moudjahidine, le FLN et son front interne... Avant même de livrer un semblant de bataille, la baudruche révolutionnaire s'est dégonflée. Courage..., fuyons!" L'éditorialiste fustige les électeurs de Bouteflika : "Pas un mot, pas un doigt levé de la part de ces saisonniers du patriotisme alors que l'Algérie et ses institutions étaient canardées par la presse française".
De son côté Sofiane Djilali compte sur les élites, mais elles rechignent encore au combat. Il les appelle à rallier son panache : «Il suffit dit-il que tout le monde, notamment l’élite, s’engage pour donner à l’Algérie autre chose que des analphabètes en costard, des voyous en haut des tribunes et des voleurs gérant les bijoux de la nation».
Opposition hors partition
Sofiane Djilali Djijlai offre le chiffon rouge dont a besoin Ouyahia -dont il partage les accointances avec le Canal-Historique- pour fustiger "l’opposition" qui aurait profité de l’émotion suscitée par la photo pour «relancer le débat» sur l’application de l’article 122 de la constitution sur l’incapacité du président à assumer sa mission. Dans Le Quotidien d'Oran, le chroniqueur chevronné Kharroubi Habib conteste les propos du secrétaire général du RND : " Son sens des responsabilités et son patriotisme, cette opposition les a magistralement administrés en s'abstenant d'exploiter la photo du président Bouteflika affaibli tweetée par le Premier ministre français Manuel Valls au sortir de l'audience qu'il lui a accordée".