Premier mai 2016. La gauche algérienne à contre courant
Alors que le pouvoir, l'UGTA et la classe politique interdisent ou évitent comme chaque année toute manifestation publique, les organisations de la gauche radicale, boycottées par les médias, s'efforcent de perpétuer, à contre-courant, la tradition combative de cette journée historique.
Les feux de l'actualité seront bien sûr braqués sur le foot, les autorités ayant, cette année encore, choisi la Fête du travail pour la finale de la Coupe d'Algérie. La police n'aura pas à disperser ses effectifs, qui seront massivement engagé - 5000 annonce-t-on- pour la surveillance de la Coupe.
Aucun rassemblement notable de travailleurs n'est annoncé dans la capitale notamment. Sidi Saïd, chef de la centrale UGTA va-t-il, d'une manière ou d'une autre, recentrer le Premier mai sur les préoccupations sensibles du monde du travail en ces temps difficiles? Bouteflika lui permet d'échapper à cette corvée. Il explique : “Le président de la République nous a instruits de consacrer le 1er Mai prochain exclusivement à l’expression de notre solidarité avec le peuple sahraoui". Louisa Hanoune n'a pas donné de consigne au monde du travail, s'alignant sans doute sur les consignes de son alter-égo. A son bureau politique hier, elle a centré l'attention de son parti sur la tournée des zaouias de Chakib Khelil et sur les ennuis du milliardaire repreneur Rebrab qui pourtant " agit de façon légale, contrairement à d'autres". Quelques jours plutôt, sur ce sujet le son de cloche était différent du côté d'un autre parti se réclamant des travailleurs. Le PADS déclarait : "Les travailleurs n'ont pas à choisir entre une bande d'affairistes et d'exploiteurs contre une autre, entre celles qui ont créé Rebrab et se servent de lui depuis 25 ans et celles qui ont placé Haddad sur le devant de la scène. Toutes se valent".
Cette année, une nouveauté, le RCD choisit la date historique pour la tenue d'un "colloque international sur l'économie", dont le but est de donner "Une impulsion à même de rationaliser l’exploitation de nos ressources dans un marché mondialisé", et de promouvoir " le renouvellement de la pensée économique". Le tout permettrait "l’élaboration d’une offre politique ouvrant la réflexion sur des alternatives démocratiques qui appellent innovation conceptuelle, reconfiguration des cadres rationnels et réadaptation des partenariats ». Le Premier mai aura grâce au RCD une petite odeur de cuisine néolibérale.
LES DECLARATIONS
La Moubadara du 24 Février
La célébration de la journée internationale de lutte des travailleurs ce premier Mai 2016 intervient dans un moment, plein d’incertitudes, caractérisé par les menaces d’insécurité à nos frontières et aussi par la crise économique accélérée par la chute des prix des hydrocarbures.
Les travailleurs seront les premières victimes. Cette situation doit, aujourd’hui plus que jamais, nous rappeler que l’impérialisme et les forces néocoloniales, ennemies des peuples, sont toujours prêts à utiliser tous les moyens pour s’accaparer des richesses des pays sans défense.
Leurs moyens sont multiples. Ils ont recours à l’agression militaire. Les exemples d’ l’Irak, de la Syrie, de la Libye et d’autres encore nous le prouvent. Ils recourent aussi à créer et attiser des conflits en profitant de la faiblesse de certains Etats à prendre en charge les problèmes réels de leurs citoyens.
Ils visent à affaiblir ainsi les forces de riposte et de défense des intérêts des travailleurs et en conséquence celle du pays. Ils utilisent aussi les faiblesses des gouvernements non démocratiques et corrompus pour dicter et orienter
leur politique au service des intérêts des multinationales et leurs alliés internes.
Aujourd’hui, les travailleurs et les forces patriotiques sont devant un défi majeur. Pour défendre leurs intérêts, les travailleurs en alliance avec les forces patriotiques doivent œuvrer à la consolidation du front intérieur pour faire face aux menées de l’impérialisme et de ses alliés. ceci ne peut se réaliser qu’en luttant de pied ferme pour :
- La consolidation des acquis sociaux et économiques des
travailleurs qui ne peut aboutir que par l’émergence de syndicats
démocratiques et solidaires
- œuvrer à renforcer les forces et initiatives politiques à même de défendre la
souveraineté nationale et le progrès socio-économique.
Vive la solidarité des travailleurs en lutte
La Moubadara du 24 Fevrier
Le Parti socialiste des travailleurs (PST)
Contre l’offensive libérale,
Organisons la résistance sociale!
Les travailleuses et les travailleurs célèbrent le 1er Mai, journée internationale de lutte et de mobilisation du mouvement ouvrier, dans un contexte d’accentuation de l’offensive libérale. Au niveau international, le capitalisme s’enlise dans sa crise systémique et n’a plus que les récurrentes réponses néolibérales, telles que l’austérité et la précarité sociale, à imposer pour la majorité des travailleurs et des masses populaires. Dans ce cadre, les acquis démocratiques et sociaux du mouvement ouvrier international, ainsi que les conquêtes des mouvements de libération nationale, arrachés au 20ème siècle, sont remis en cause.
Au niveau national, la chute du prix des hydrocarbures, la détérioration de la situation sécuritaire régionale et même la maladie de Bouteflika sont instrumentalisées pour accélérer le rythme des « réformes » économiques libérales. Dans ce contexte, une campagne politico médiatique est mise en branle autour de « l’unité nationale et le front intérieur », le « tarissement des réserves du pétrole », la diabolisation des mobilisations sociales et des grèves, etc., dans le but de conditionner les masses populaires et les réduire à la résignation. Cette campagne, orchestrée par le pouvoir et ses partis, les organisations patronales, le SG de l’UGTA, … tend à faire accepter les mesures anti populaires de la loi de finances 2016, ainsi que les projets de lois en voie d’adoption, tels le code du travail, le code d’investissement, la loi sanitaire, … Il s’agit de promouvoir la privatisation de notre secteur public, y compris Air Algérie, SONELGAZ et même SONATRACH, et de brader nos richesses nationales au profit d’une poignée d’ « investisseurs » amis et de multinationales, souvent impliqués dans les grands scandales de corruption.
Mais, la résistance des travailleurs et des masses populaires ne cesse de se réorganiser et de s’amplifier. Certes, il s’agit d’un processus long et tumultueux de recomposition du mouvement ouvrier international. Mais, en dépit de la déception provisoire de l’expérience Syriza et la mobilisation du peuple grec contre l’austérité et la dette ou le recul en Amérique latine, les succès du mouvement Podémos en Espagne, les innombrables grèves des travailleurs chinois, les mobilisations des enseignants au Maroc et du mouvement « Nuits Debout » en France, l’énorme mobilisation des travailleurs Indiens et la formidable grève grève générale à Mayotte , et même le succès populaire auprès de la jeunesse suscité par la campagne du « socialiste » Sanders aux USA, participent de cette nouvelle vagues des luttes et de renouveau du camp des travailleurs et des opprimés.
En Algérie, ce 1er Mai reste marqué par longue mobilisation des enseignants contractuels pour leur intégration. Elle remet à l’ordre du jour la lutte contre la précarité de l’emploi, pour la titularisation des travailleurs du pré emploi et contre les interminables CDD. Par ailleurs, les récentes mobilisations des travailleurs de SNVI et de l’ETUSA, comme les grèves du personnel de la santé et des corps communs des administrations publiques et de l’éducation, en passant par le mouvement de lutte des postiers et des travailleurs dans les champs gaziers, ainsi que la mobilisation des ouvriers de COTITEX de Drâa Ben Khedda … montrent le chemin de la lutte. Ils refusent l’austérité qui épargne les patrons et les milliardaires, ils résistent au bradage du secteur public, ils s’opposent à la précarité de l’emploi et ils revendiquent une autre politique économique et sociale. Ils refusent aussi les atteintes au droit de grève et dénoncent la répression, ils revendiquent le respect des libertés syndicales et les libertés démocratiques.
A l’occasion du 1er Mai, le PST exprime son soutien aux luttes des travailleurs et réitère son appel pour l’unité des travailleurs et des syndicalistes dans les luttes. Aussi, le PST appelle les militants du mouvement social et les militants politiques de la classe ouvrière à se rassembler et résister dans une convergence démocratique anti libérale et anti impérialiste.
- Pour la défense des libertés démocratiques : Libertés d’expression, d’organisation et de manifestation !
- Pour le respect des libertés syndicales et le droit de grève !
- Pour la défense du pouvoir d’achat ! Pour un SNMG à 45000 DA !
- Pour la défense de l’emploi ! Non à la précarité et l’austérité !
- Pour la défense du secteur public ! Non au bradage des richesses nationales !
- Pour l’indépendance de classe et vive l’unité internationale des travailleurs !
- Vive la lutte des peuples pour leur souveraineté et contre l’impérialisme !
Vive le 1er Mai !
Le Parti algérien pour la démocratie et le socialisme (PADS)
1er mai 2016: Mobilisation et union des travailleurs et des peuples contre les offensives anti-ouvrières et antipopulaires de la bourgeoisie et de l'impérialisme
Ce premier mai 2016, journée de lutte et de solidarité internationale des exploités et des opprimés, le prolétariat, l'ensemble des travailleurs et des couches sociales populaires, sont appelés dans chaque pays et à l’échelle mondiale à manifester leur action unie contre l’exploitation capitaliste et les ingérences militaires des puissances impérialistes. La bourgeoisie poursuit partout et simultanément, dans les pays impérialistes dominants comme dans les pays dominés, ses attaques féroces contre les conquêtes et les droits sociaux arrachés de haute lutte, contre la souveraineté des peuples.
Les agressions militaires violentes des Etats impérialistes directes ou indirectes, par l'intermédiaire de forces réactionnaires internes, chauvines, fascistes, obscurantistes, les rivalités qui opposent entre elles les puissances impérialistes pour le partage du monde, ont plongé de nombreux peuples dans un désastre humanitaire inouï, en Libye, Syrie, Yémen, Afghanistan, Ukraine, etc.
La bourgeoisie impérialiste encourage ou suscite partout les haines ethniques, raciales ou religieuses pour diviser ses victimes et retarder leur union contre sa domination. A l'extérieur elle soutient les groupes terroristes fascistes et obscurantistes pour faire tomber les régimes qui lui déplaisent et s'emparer des zones de pétrole et de gaz. Chez elle, elle manipule l’action de ces mêmes groupes pour répandre la peur, la méfiance et les divisions au sein des exploités de toutes origines confessionnelles ou nationales. Elle exploite leurs crimes pour justifier l’instauration de législations soi-disant anti-terroristes et d’un système de surveillance de masse hautement sophistiqué. Le but caché de toutes ces opérations et ces mesures est de pouvoir réprimer tout mouvement populaire d’envergure et uni dirigé contre sa domination.
Malgré ses manoeuvres, les travailleurs se battent et résistent pour mettre en échec ses plans anti-sociaux.
Les assauts anti-ouvriers et les ingérences extérieures expriment l'aggravation des contradictions internes qui minent le système capitaliste. Ce système butte sur les difficultés à maintenir le taux de profit à un niveau élevé. Pour le faire remonter, le Capital applique dans chaque pays une même stratégie : augmentation des heures ou des cadences de travail, réduction des salaires et allocations, liquidation des droits sociaux, recul de l'âge de départ à la retraite, hausse des impôts frappant les classes populaires et baisse de ceux des capitalistes et des plus riches, aides et subventions généreusement octroyées à ces derniers, liquidation de toute barrière à la libre circulation des capitaux à la recherche de hauts taux de profit, etc.
Ni Rebrab ni Haddad
Dans notre pays, les valets des différentes bandes de la bourgeoisie algérienne orchestrent une campagne politique pour enrôler les travailleurs dans leurs querelles internes. Une lutte sans merci oppose des bandes rivales dans les appareils d'Etat et en dehors, chacune d'elle sollicitant l'appui de telle ou telle puissance impérialiste. Le seul enjeu de cette lutte est la prise en main du gouvernail afin d’accaparer les plus beaux morceaux des richesses produites par la classe ouvrière et les couches laborieuses et notamment les richesses pétrolières et gazières.
Les travailleurs n'ont pas à choisir entre une bande d'affairistes et d'exploiteurs contre une autre, entre celles qui ont créé Rebrab et se servent de lui depuis 25 ans et celles qui ont placé Haddad sur le devant de la scène. Toutes se valent. Elle n’ont prospéré que grâce au pillage des biens de la nation avec la complicité de leurs protecteurs et associés dans l’Etat. Toutes sont étroitement liées à des puissances impérialistes auxquelles elles ont confié la protection de l'argent qu'elles ont volé au peuple, placé dans les banques et transformé en biens immobiliers dans les quartiers chics de Paris ou d'ailleurs.
La banqueroute financière prédite n'est pas inévitable
Les valets de la bourgeoisie agitent les conséquences de la chute du prix du pétrole en présentant la situation de façon à faire peur aux travailleurs.
Ils se servent de ce prétexte pour lancer une nouvelle et brutale offensive contre leurs revenus et leurs conquêtes sociales. La dépréciation du dinar de plus de 25% a diminué le pouvoir d’achat des travailleurs. Des fractions entières de travailleurs, de retraités, de petits paysans ont été plongées dans une misère insupportable par suite du gel des salaires à de bas niveaux, de la hausse des impôts locaux, de l'augmentation du prix de l'électricité et du gaz, de celle des carburants qui a provoqué la hausse des tickets de transports, et de bien d'autres mesures iniques. A l'opposé, les plus riches, les fraudeurs du fisc, les patrons qui ne déclarent pas leurs employés à la sécurité sociale continuent à amasser des montagnes d'argent dans leurs chambres blindées. Le gouvernement les gave de nouveaux cadeaux fiscaux et de bonifications. Tout cela soi-disant pour stimuler les investissements.
En vérité, malgré la baisse du prix du pétrole, les recettes d’exportation et les 130 milliards de dollars restant de réserve de change permettent de faire face à l'achat des biens alimentaires, des médicaments et des pièces indispensables au fonctionnement de l'appareil de production et à une véritable relance industrielle. L’argent du pétrole doit servir exclusivement au développement de la production matérielle, à la protection du pouvoir d’achat des masses populaires. Pas un dollar, pas un euro ne doit servir à importer des biens superflus consommés par les classes aisées ou à alimenter la fuite des devises. La construction de logements pour les travailleurs et les couches sociales modestes, l’amélioration des services publics de santé et des réseaux de transports publics collectifs doivent être une priorité.
L'alternative populaire révolutionnaire est possible
Les mesures indispensables pour éviter la banqueroute ne peuvent être prises que par un régime radicalement différent. Il ne s’agit pas de se laisser entraîner dans le faux débat du remplacement de Bouteflika par Benflis, de Hadj Moussa par Moussa Hadj. Ceux qui orientent la lutte politique sur cette voie ne cherchent qu'à sauver les "acquis" accumulés par la bourgeoisie en sacrifiant les hommes qui se sont discrédités après l'avoir servie. Il s’agit au contraire de se battre pour abolir la domination de la bourgeoisie et instaurer un régime dirigé par la classe ouvrière et ses alliés. Ce changement profond de régime est la seule alternative pour préserver et satisfaire les intérêts et les aspirations des travailleurs et des masses populaires à une vie digne et à l’abri de la misère et des inégalités sociales, et pour reprendre la marche vers le développement. Il s’agit de préparer la bataille pour une société débarrassée de l’exploitation de classe. Une société socialiste où il n’existera plus de minorité parasitaire qui possède tout grâce à l’appropriation des fruits du travail de la majorité qui ne possède rien exceptée sa force de travail.
Union et mobilisation des travailleurs et des masses populaires
Ouvriers exploités, salariés de la fonction publique, enseignants et employés confinés dans le statut d’éternels contractuels jetables à tout moment, jeunes à la recherche d'un emploi, petits fellah, artisans vivant du seul fruit de votre travail, cadres honnêtes, battez vous et continuez à vous battre pour faire valoir vos revendications et vos droits sociaux. Battez vous pour reconquérir le droit de manifester dans les rues le 1er Mai, journée internationale de lutte et de solidarité de la classe ouvrière mondiale! Renforcez vos liens de solidarité avec les travailleurs dans le monde. Luttez pour abolir la loi sur les partis qui empêche la création de véritables partis exprimant les intérêts des masses laborieuse. Exigez l'abrogation des lois et règlements qui entravent l'action syndicale et les grèves.
N'écoutez pas ceux qui appellent à la préservation de la “cohésion sociale”, nécessaire selon eux pour faire front aux risques de faillite financière et aux menaces étrangères. Aucune “cohésion sociale” n'est possible entre les exploités et leurs exploiteurs. Le seul front capable de mettre en échec les menaces internes et externes est le front de la classe ouvrière et de ses alliés. Ces affairistes, ces exploiteurs s'entendent bien avec les puissances impérialistes, avec les monarchies du Golfe pour exploiter ensemble les travailleurs et s'emparer des richesses du pays. Neutralisez ceux qui utilisent la religion pour détourner votre attention des plans concoctés contre vos droits sociaux et vos aspirations. Isolez ceux qui incitent au séparatisme et ceux qui provoquent par leur sectarisme les minorités culturelles pour vous pousser à vous affronter les uns contre les autres à la grande joie de vos exploiteurs.
La clé pour réaliser un front populaire contre les plans de la bourgeoisie et de l'impérialisme est l'édification d'un parti communiste qui regroupe les travailleurs d'avant-garde, coordonne, oriente et dirige les luttes économiques, sociales et politiques. C'est la clé pour changer de pouvoir dans la voie de l’instauration de la propriété sociale des moyens de production, d’une planification démocratique et scientifique, au service de la satisfaction des aspirations des travailleurs, de l'élimination de l'exploitation de classe, des inégalités sociales et de la paupérisation.
Vive l’internationalisme prolétarien!
Prolétaires de tous les pays et peuples opprimés unissez-vous!
Rencontre-débat au siège d’Alger républicain
A l’occasion de la journée internationale de lutte des travailleurs contre l’exploitation capitaliste et les agressions impérialistes
Le siège d’Alger républicain abritera le débat traditionnel suivi d’une collation.
Le thème de la rencontre portera sur les conséquences de la chute des recettes pétrolières sur la condition de la classe ouvrière des masses populaires, les plans de l’impérialisme et de ses alliés internes en direction du peuple algérien, l’alternative pour les déjouer.
Les lecteurs et amis du journal sont cordialement invités.
Siège du journal ALGER républicain : Maison de la Presse Tahar Djaout, 1 rue Bachir Attar, Place du 1er Mai, Alger