ENQUÊTE. Banque Franco-Tunisienne: pleins feux sur la mafia économique au pouvoir
Par la rédaction de Nawaat, 12 avril 2016
La Banque Franco-Tunisienne n’en finit pas de dévoiler ses secrets. Nawaat s’est procuré des documents inédits dévoilant les rouages de la corruption telle qu’elle se pratique dans les hautes sphères de la finance. La collusion entre les milieux d’affaires, les hauts fonctionnaires et des représentants de partis politiques au pouvoir a commencé avant janvier 2011 et se poursuit encore. Les plus grands organismes de la finance mondiale ont également leur part de responsabilité.
Plein feux sur la mafia économique, ses acteurs et son mode de fonctionnement.
Mardi 29 mars, un dossier judiciaire brulant qui hiberne depuis deux ans s’ouvre à nouveau. La 4ème chambre du tribunal pénal de Tunis est bien vide. Ni l’accusé, ni les plaignants ne sont présents. Pourtant il s’agit d’une affaire de malversation qui se joue dans les plus hautes sphères de la finance étatique. Le passif de la BFT, plus de sept cent millions de dinars de dettes prétendument irrécouvrables, est en jeu. L’équivalent du capital de la STB dont la BFT est la filiale. Ni la STB, ni la Banque Centrale de Tunisie, ni le ministère des Finances, encore moins le ministère des Domaines de l’État n’ont jugé important d’être représentés ou de rejoindre l’accusation.
L’avocat de l’accusé prétend que son client n’a pas reçu la convocation au tribunal. Étonnant puisque la comparution de ce mastermind de la criminalité en col blanc avait été rendue publique par certains médias spécialisés. Mounir Klibi, directeur général des affaires juridiques de la Banque Centrale de Tunisie, est en effet l’un des principaux responsables de la faillite de la BFT. D’après Maghreb Confidentiel (N°1192 du 03/03/2016), Chedly Ayari doit d’ailleurs être auditionné prochainement au sujet de la BFT par la Commission de la réforme administrative, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption de l’Assemblée des représentants du peuple.
Arrivé en poste à la BFT en 1989, sous la direction de Taoufik Belhaj (frère de Ridha Belhaj, dirigeant de Nidaa Tounes), Mounir Klibi (frère de Aida Klibi, conseillère en communication à la présidence de la République) a mis en place un système d’octroi de crédit sans garantie. Les bénéficiaires pouvaient donc jouir de crédits sans avoir à jamais s’inquiéter de rembourser. Tout cela sous le regard de la direction de supervision des banques, des instances de contrôle du ministère des Finances, des gouverneurs successifs de la BCT, des ministres des Finances et des ministres des Domaines de l’État. Un grand nombre d’entre-eux sont encore à des postes de hautes responsabilités de conseil et de contrôle, voire, pour certains, députés.
Il est d’ailleurs à noter que le projet de loi sur le statut de la BCT discuté en plénière à l’ARP depuis vendredi dernier, a été dirigé par Mounir Klibi. Ceci explique probablement la présence en deux endroits de ce projet de loi d’articles (art. 78 et art. 96) accordant la non-responsabilité civile aux fonctionnaires de la BCT.
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