Retour de Khelil et désarroi des journaux indépendants
Le retour de Chakib Khelil et l'opération médiatique de réhabilitation en cours semble désarçonner les journaux dit indépendants. Ce matin, c'est sans doute Maâmar Farah, le directeur du Soir d'Algérie, qui exprime le mieux ce désarroi.
" Pourtant, la presse n'a rien inventé se lamente-t-il, elle a simplement cru la justice sur le dossier Khelil. Alors, qu'on ne lui demande pas d'avaler tout ce qui se prépare dans le prétoire pour le blanchiment de l'homme que cette même justice a si lourdement chargé !" Dans la foulée, le patron de presse découvre le principal handicap des journaux, dont l'insolence de surface cachait mal l'insignifiance du fond, à la remorque des clans du système.
Il reconnait enfin :"Notre mission urgente est de former nos propres enquêteurs et de privilégier le journalisme d'investigation pour ne plus avoir à croire les divagations d'une justice aux ordres!"
Ou les tuyaux des services secrets accueillis avec délectation... Jusqu'ici, en effet, le journalisme de "révélations" qui avait notamment fait la gloire d'El Watan reposait sur l'accès aux sources des colonels du DRS auxquelles s'abreuvait la journaliste vedette chargée des dossiers sensibles. Curieusement, cette journaliste sera récompensée du prix du journalisme attribué au nom du défunt Abdelhamid Benzine. Avec le tarissement de ses sources, El Watan reviendra-t-il aux normes du journalisme d'investigation préconisées par Maamar Farah?
Un des journalistes les plus proches de la vox-populi, Chawki Amari notait hier dans sa chronique d' El Watan :
"Logiquement, soit le ministre Khelil comparaît devant un tribunal, soit c’est le général Toufik qui comparaît. Si l’on veut que les Algériens croient (un peu) en leurs gouvernants, leur justice et la nouvelle Constitution, mettre (un peu) de morale dans cette affaire est primordial. L’un de ces deux responsables doit être jugé, sinon cela voudrait dire qu’un ministre peut détourner de l’argent et revenir chez lui avec les honneurs. Ou un général peut monter de faux dossiers sur des ministres pour jouir paisiblement d’une retraite dorée avec l’argent des contribuables et le T-shirt dédicacé de Amar Ghoul".