Le boycott d'Israël s'étend en Occident
Un des grands syndicats fédéraux américains, l'United Electrical Workers Union vient de rejoindre la campagne de boycott d'Israël. "Growing solidarity between trade unionists and Israel boycotters alarms pro-Israel forces", titre l'Observer
L’historien américain d’origine palestinienne Rashid Khalidi qui dirige le département d’histoire de l’université Columbia confirme : "Je constate qu’Israël ne cesse de perdre du soutien, chez les jeunes, dans les universités, parmi les syndicats ou les églises… Tout cela n’existait pas il y a encore vingt ans, et le virage à droite pris par Israël renforce son isolement."
La campagne BDS se renforce en Europe malgré la répression
C'est le titre de l'article de d'Emmanuel Riondé dans Mediapart EXtraits.
En France , 150 personnes, venues de 40 villes, se sont retrouvées les 16 et 17 janvier 2016 à Marseille où s'est tenu le cinquième week-end national de BDS France, un mouvement qui compte une cinquantaine de collectifs locaux. Ils ont fait le point des victoires les plus récentes : la confirmation, début janvier, par l’entreprise Orange de la fin de son accord de partenariat avec le groupe israélien Partner communication. À cette bataille gagnée du désinvestissement s'en ajoute une autre, remportée par le boycott : cette année, le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême s’est tenu sans son sponsor, Sodastream. Cette entreprise de produits de gazéification est la cible de BDS pour avoir implanté une usine dans une colonie de Cisjordanie – déplacée depuis dans le désert du Néguev. La campagne s'était cristallisée début 2014 autour de l'actrice Scarlett Johansson, en promotion publicitaire pour la marque. À Angoulême, les deux dernières années, des artistes, dont Jacques Tardi, Joe Sacco, Lewis Trondheim ou Willem, ont demandé à la direction du festival de mettre fin à ce partenariat. Avec succès, donc.
En Europe du Nord, les mobilisations du monde culturel sur la question palestinienne sont plus fréquentes qu'en France. En février dernier, des artistes britanniques, dont Ken Loach, Roger Waters, Mike Leigh ou Peter Kosminsky, appelaient ainsi au boycott d'Israël. « Nous n'accepterons aucune invitation professionnelle en Israël, ni financement d'aucune institution liée à ce gouvernement », assuraient-ils dans une tribune collective publiée dans The Guardian.
Dédié au boycott académique et culturel, le Comité britannique pour les universités palestiniennes, le Bricup, qui compte surtout ses membres « parmi les professions libérales et les travailleurs culturels », a encore gagné du terrain en 2015, notamment du côté des syndicats enseignants et étudiants. Le 27 octobre 2015, sur une pleine page dans The Guardian, 343 universitaires britanniques appelaient à leur tour au boycott des facs israéliennes.
Idem en Norvège, pays gouverné par une coalition de droite « pro-israélienne », selon Nikos Tavridis-Hansen, porte-parole de BDS Norvège. N'existant que depuis décembre 2014, BDS Norvège s'est rapidement étoffé. « Notre groupe rassemble un noyau d'une trentaine d'individus très actifs, essentiellement dans la région d'Oslo, explique le militant. Mais notre organisation grossit depuis sa création et nous avons maintenant des militants un peu partout dans le pays. Beaucoup de membres de l'équipe ont été impliqués ces dernières années dans la campagne dénonçant les liens entre l'université d'Oslo et G4S. » Entreprise anglaise de sécurité, travaillant avec la police israélienne et fournissant des services dans les colonies, G4S a fait l'objet ces dernières années d'une large campagne qui lui a fait perdre de nombreux contrats. En Norvège, la société a mis fin à l'ensemble de ses activités dans le pays. « Nos actions sont suivies par les médias nationaux, mais aussi Al-Jazira et d'autres chaînes anglophones et arabophones », poursuit Nikos Tavridis-Hansen.
La dynamique de BDS à l'échelle européenne est aujourd'hui bien réelle. En atteste cette année le succès militant, depuis le 1er mars, de la mobilisation #IsraeliApartheidWeek où se succèdent, dans de nombreuses villes et universités, les rencontres, débats ou manifestations visant à dénoncer l’occupation israélienne. Et de l'arrivée dans la campagne de l'United Electrical Workers Union, l'un des grands syndicats fédéraux américains, à l'annulation du concert de Lauryn Hill en Israël, en passant par l'adoption par 26 conseils locaux espagnols de résolutions soutenant les actions de boycott, la liste des petites et grandes victoires de la campagne internationale, recensées sur son site, est considérable.