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Publié par Saoudi Abdelaziz

L'ancien ministre grec Yanis Varoufakis affirme : "Les différences idéologiques entre la gauche et la droite, ou entre les libéraux et les autoritaires sont et resteront réelles et importantes. Cependant, les partis nationaux, tels qu'ils existent aujourd'hui, ne les reflètent plus. Le système politique reste ancré dans le concept d'Etat-nation". L'économiste dissident Frédéric Lordon réplique : "Mais il faut savoir ce qu’on veut, et savoir en tout cas qu’une Europe démocratique ne consiste pas en une brassée de points de dette en moins, et qu’une faveur de déficit primaire « mais n’y revenez plus » ne remplace pas le droit à délibérer de tout – la définition la plus robuste de la démocratie (et, en passant, de la souveraineté). 

 

"À Berlin, Varoufakis lance son utopie européenne"

C'est le titre du journal libéral Le Figaro, lorsque l'ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis faisait le 9 février dernier, dans une célèbre salle de spectacle de la capitale allemande, son retour sur le devant de la scène. Il lançait le mouvement Diem25 (pour «Democracy in Europemouvement 2025»). C'est le "levier" explique Yanis Varoufakis pour fédérer ceux qui rêvent d'une autre Europe. Deux semaines auparavant il avait déjà fait parler de lui : « Yanis Varoufakis a fait faux bond"  titraient les grands médias qui ont glosé sur son absence les 24 et 25 juin au "Sommet du plan B en Europe", dont les discussions ont été largement occultées par les grands médias

A la veille du lancement de son mouvement, Yanis Varoufakis en précisait les contours de son mouvement dans une interview au Nouvel Obs

"Les différences idéologiques entre la gauche et la droite, ou entre les libéraux et les autoritaires sont et resteront réelles et importantes. Cependant, les partis nationaux, tels qu'ils existent aujourd'hui, ne les reflètent plus. Le système politique reste ancré dans le concept d'Etat-nation. Ce faisant, il lui est impossible de mettre fin à la combinaison autoritarisme-austérité qui ronge, pourtant, les fondations démocratiques de l'Europe, en reproduisant à l'infini des crises économiques et, in fine, en mettant en péril autant le travail que le capital industriel. Dans ce contexte, un front commun ayant comme but la démocratisation de l'Europe qui dépasserait les lignes de délimitation habituelles des partis nationaux déjà existants, est possible.

"il est désormais acquis que le moment d'un choix fatidique pour le projet européen arrive à grands pas : soit l'UE devient démocratique, soit elle s'écroule. C'est la première option que veut DiEm, en s'opposant à l'establishment européen, qui continue de pratiquer un mélange d'autoritarisme et d'austérité auto-subversive.

"DiEm est basé sur la grande leçon de 2015 : quand les peuples européens sont divisés et n'agissent pas ensemble, la misanthropie se renforce et blesse l'Europe dans son ensemble.

"Les différences idéologiques entre la gauche et la droite, ou entre les libéraux et les autoritaires sont et resteront réelles et importantes. Cependant, les partis nationaux, tels qu'ils existent aujourd'hui, ne les reflètent plus. Le système politique reste ancré dans le concept d'Etat-nation. Ce faisant, il lui est impossible de mettre fin à la combinaison autoritarisme-austérité qui ronge, pourtant, les fondations démocratiques de l'Europe, en reproduisant à l'infini des crises économiques et, in fine, en mettant en péril autant le travail que le capital industriel. Dans ce contexte, un front commun ayant comme but la démocratisation de l'Europe qui dépasserait les lignes de délimitation habituelles des partis nationaux déjà existants, est possible.

"DiEm a comme but d'être un mouvement réellement horizontal de citoyens européens. Rien à voir avec les partis et organisations hiérarchisées habituelles fondées par des hommes politiques connus et des "personnalités importantes". Attendons aussi de voir qui seront ceux qui rejoindront le mouvement après le 9 février."

"DiEM échouera"

Sous ce titre, une semaine plus tard l'économiste dissident Frédéric Lordon s'oppose au " mensonge de l'impossibilité". Extrait de sa contribution:

"Yanis Varoufakis, qui répète de longue date son hostilité à toute sortie de l’euro, à laquelle il donne la forme d’un refus de « l’affreux dilemme entre d’un côté notre système actuel en pleine déconfiture, et de l’autre le retour en force de l’idéologie de l’Etat-nation voulue par les nationalistes » 

" Mais Varoufakis a pris une telle habitude de se mouvoir dans un entrelacs de contradictions qu’on commence à s’interroger sur les finalités réelles de son mouvement DiEM. C’est qu’en réalité il y a deux « autre-Europe-possible », qu’on fait souvent subrepticement passer l’une dans l’autre, ou l’une pour l’autre : l’Europe anti-austéritaire et l’Europe démocratique. Qu’il puisse se constituer une force politique européenne pour obtenir, au cas par cas, quelques accommodements ponctuels, peut-être même une renégociation de dette (pour la Grèce par exemple), et pouvoir ensuite clamer avoir fait la preuve que l’Europe peut échapper à la fatalité austéritaire, la chose est peut-être bien possible. Et certainement serions-nous mieux avec ces rustines que sans. Mais il faut savoir ce qu’on veut, et savoir en tout cas qu’une Europe démocratique ne consiste pas en une brassée de points de dette en moins, et qu’une faveur de déficit primaire « mais n’y revenez plus » ne remplace pas le droit à délibérer de tout – la définition la plus robuste de la démocratie (et, en passant, de la souveraineté).

"Alors oui, toutes les entreprises de transformation politique en général, celle de la sortie de l’euro en particulier, doivent compter avec ces effets, et d’abord avec la peur, la préférence pour le désastre connu. Aussi faut-il que le corps politique soit porté à un point de crise intolérable, pour qu’il consente enfin à révoquer ses habitudes et à envisager de nouveau des voies inédites".

"On n’a d’ailleurs jamais si belle attestation du mensonge de l’impossibilité que lorsque c’est l’ordre en place lui-même qui, pour se sauver de l’écroulement, révoque d’un coup ses propres partages allégués du faisable et de l’infaisable. Ainsi à l’automne 2008, où l’on ne compte plus les choses faites qui quelques mois à peine auparavant auraient été déclarées délirantes – procédures extraordinaires des banques centrales, nationalisations flash et massives, oubli soudain du droit européen des aides d’Etat, etc. Mais si tout peut de nouveau être envisagé quand il s’agit pour le système de se sauver lui-même, pourquoi tout ne pourrait-il pas l’être quand il s’agit de le congédier ?"

Texte intégral :  "DiEM perdidi" (blog du Monde diplomatique)

 

Libre-échange contre Réciprocité

En grec ancien, il suffit d’un préfixe pour indiquer que l’action s’inscrit dans une relation de réciprocité. Le préfixe qui signifie qu’on entre dans une relation de face à face est le préfixe anti dont on connaît les dérivés dans notre langue (antithèse, antipathie, antagonisme…). On remarque immédiatement que la société moderne n’a retenu de l’expression anti qu’une idée d’affrontement hors de toute réciprocité. Anti en français veut dire contre. En grec, au contraire, anti voulait dire « de façon réciproque » : le verbe poiein précédé du préfixe anti ne veut pas dire défaire ou contrefaire mais « faire à son tour » ; antipaskein ne signifie pas s’opposer à la souffrance ou se réjouir mais « souffrir à son tour » (ce que l’on a fait souffrir à autrui) ; antidosis ne veut pas dire le refus de donner mais « donner en retour », la réciprocité du don.

"Pourquoi cette transformation du sens de tels préfixes ? Peut-être parce que la structure sociale fondamentale n’est plus la réciprocité mais le libre-échange qui substitue à l’intersubjectivité une prestation unilatérale vis-à-vis d’autrui, guidée par le seul intérêt individuel

"Revenons donc à la structure de réciprocité la plus simple : le face à face. Nous avons tous la pratique de cette relation (si évidente que nous ne nous en rendons même plus compte) dès que nous disons bonjour à quelqu’un. Nous la pratiquons socialement lors d’une invitation que l’on accepte en se disant “je re-inviterai un jour”. Nous savons “sans le savoir” que la bienveillance dès qu’elle est réciproque crée le sentiment d’amitié, la philia qui s’impose comme référence éthique."

"Dans une communauté de réciprocité, chacun entend donc agir selon ses compétences mais en fonction des besoins d’autrui (chreia) en commençant par les besoins des plus démunis (et non pas des plus forts), ce qui induit naturellement la division du travail. Le chasseur partage le gibier, le pêcheur le poisson, le laboureur, l’architecte, le médecin, etc. Le partage est donc lié à la division du travail, et celle-ci à la complémentarité des statuts de production (et non pas à leur concurrence), de sorte que tous soient ordonnés à la satisfaction des besoins de tous. On dirait aujourd’hui que les statuts sont définis par leur fonction sociale." Extrait de l'article sur le blog de Paul Jorion : La cordialité, par Dominique Temple

POST SCRIPTUM

Anne hidalgo, Saint-Merry, et Robert Desnos

Le Conseil de Paris s'apprête à encourager l'occupation israélienne en condamnant les initiatives de boycott de produits israéliens.

Non loin de l'Hôtel de ville, se trouve la vieille église Saint-Merry, dont le journal paroissiale prône "l'Evangile dans la rue". On peut y lire un article d'une grande puissance d'évocation, publié hier : " Pour beaucoup d’économistes locaux et internationaux, l’année 2015 est considérée comme  la plus catastrophique pour l’économie palestinienne depuis 20 ans. L’économie de la bande de Gaza souffre d’une crise très grave due aux agressions israéliennes, à la fermeture des passages commerciaux et au blocus. Cette situation empêche tout développement d’une économie en faillite qui ne trouve pas les ressources nécessaires pour sortir d’une crise qui touche tous les secteurs".

Tu traînais au bal derrière l’Hôtel-de-Ville (...)
Te voilà par mauvais temps près de Saint-Merry
Dévisageant le monde avec effronterie
De ton regard pareil à celui d’Amphitrite"

Extrait de "La complainte de Robert le diable" de Louis Aragon, en hommage à son ami Robert Desnos.

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