ALGERIE. Entre le chef de la police et le patriarche post-modern
Est-ce en réponse à l'émotion suscitée par la répression récente, anticonstitutionnelle, contre des manifestations, à Skikda et ailleurs? Le général Hamel, chef de la police a assuré hier : "La sécurité ne peut être garantie sans le respect des droits et des libertés." L'APS a repris cette phrase comme titre de la dépêche, relatant une cérémonie à la DGSN. A suivre...
Kamel Daoud, le Patriarche post-modern
Dans une prose "inspirée", prophétique, avec injonctions incantatoires, rien n'échappe à son courroux dans le comportement du peuple-côté mâle : pulsions obscures quasi-préhistoriques, manières peu ragoûtantes de manger, de se loger, d'être administré, de rouler ou de marcher, de regarder les femmes, de toucher son salaire sans rien faire. Il ne vise bien sûr que la grande masse des non "éduqués" d'en bas, encore régis par la dictature irrationnelle des Ancêtres. Le sérail et les élites, qui fonctionnent plus rationnellement, ne l'inspirent qu'épisodiquement. Il y trouve d'ailleurs des fans, qui se délectent de sa prose dirigée contre le populo algérien détestable, car trop égalitaire. Le défunt Kateb Yacine, dont le crédo est différent, trouvait au contraire une délectation jubilatoire à l'idée que les Ancêtres, le moment venu, "redoublent de férocité".
Dans sa dernière chronique Kamel Daoud explique pourquoi les Algériens ordinaires sont excédés par la mission dont il s'est investi de les fouetter interminablement. Son diagnostic : " trois affects dominants en Algérie : la jalousie, la théorie du complot, le soupçon". En clair il précisera : jalousie à l'égard d'un compatriote reconnu à l'étranger, doublée d'une paranoïa xénophobe à l'égard de ceux qui l'on reconnu.
Au détour de sa chronique il nous livre, peut-être involontairement, le secret de ses propres pulsions : "L’enfant prodige est surtout le tueur du Père". Euréka? Kamel Daoud serait donc ce patriarche post-modern qui veut remplacer ses anciens collègues dépassés. Mais, il en garde les techniques vindicatives.
Terminons sur cette phrase du philosophe Gilles Deleuze "Dostoïevski a écrit des pages très profondes sur l'unité de l'esclave et du bouffon, et du tyran, ils sont tyranniques ces types-là, ils s'accrochent, ils ne vous lâchent pas... Ils ne cessent pas de vous mettre le nez dans une merde quelconque. Ils ne sont pas contents, il faut toujours qu'ils abaissent les trucs ».
POST-SCRIPTUM
En France, l’Etat justifie les contrôles au faciès
L'État français, condamné pour cinq contrôles au faciès, a décidé de se pourvoir en cassation. Pour le représentant de l’État, dans un mémoire en justice que Mediapart a pu consulter, il est légitime de contrôler les Noirs et les Arabes si l'on cherche de possibles infractions à la législation sur les étrangers. Il serait donc logique de les arrêter et de les fouiller tandis qu’on laisse les Français blancs non suspects poursuivre leur chemin. Ce qui ressemble à une nouvelle doctrine, écrite certes dans un langage technique, désigne de fait chaque Noir et chaque Arabe comme un délinquant en puissance. Et va à l’encontre de toute la jurisprudence française et internationale en la matière. Mediapart.Fr