Les partis face à la révision constitutionnelle
L'article 51 du projet de révision de la constitution, restreignant les droits civiques des binationaux a-t-il réussi à susciter les polémiques qui pourraient sortir la révision constitutionnelle de la morne indifférence à l'égard de ce qui était perçu dans de larges secteurs de l'opinion comme une diversion par rapports aux urgences?
Récapitulatif des positions des principaux partis adoptées dès le lendemain de la présentation du projet, le 5 janvier dernier. Nous n'avons pas encore pris connaissance de la position du Parti socialiste des travailleurs.
Le Front des forces socialistes
Mohamed Nebbou, Premier secrétaire du FFS a publié le communiqué suivant:
"Dans le fond comme dans la forme, ce changement constitutionnel n’apporte aucune réponse, et ne peut apporter aucune réponse qui puisse s’attaquer aux causes véritables de la crise. Ce n’est pas un texte qui est à l’origine de cette crise, ce n’est donc pas un texte, élaboré et qui sera certainement adopté, dans les mêmes conditions arbitraires que les précédents, qui va apporter les solutions à cette crise.
Crise de gouvernance, crise de légitimité, crise de confiance, crise économique, crise morale…Pas un aspect de la vie du pays qui ne soit frappé de plein fouet par les retombées de cette crise multiforme. Difficile de se convaincre que le pouvoir en place croit sérieusement qu’avec une révision constitutionnelle il va faire face aux problèmes déjà là et à ceux qui s’annoncent dans le sillage de la crise économique liée à la baisse des revenus de la rente pétrolière. Nous sommes face à une situation de précarité générale qui a déjà coûté très cher au pays, et qui menace d’emporter ce qui lui reste d’unité et de stabilité.
Le FFS donnera, bien sur après débat interne, son avis sur les propositions contenues dans l’avant-projet, mais il est déjà évident que le pouvoir en place n’a ni l’intention, ni visiblement les moyens, de rompre avec les pratiques à l’origine de l’impasse dans laquelle il s’est enfermé et s’obstine à vouloir enfermer le pays.
L’espoir et le changement démocratique ne viendront pas des manœuvres bureaucratiques du pouvoir mais d’un véritable élan de la société pour réaliser le consensus le plus large possible et entamer un processus constituant en faveur de la deuxième république." FFS-dz.net
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie
Le RCD note dans un communiqué rendu public que dans l’avant-projet de la révision de la constitution dévoilé, mardi, par le directeur du cabinet de la présidence de la République que « le traitement de deux sujets qui concernent la légitimité des institutions et la cohésion de la collectivité nationale ».
Le premier point de ce projet de révision de constitution, selon le RCD, « renvoie à la protection du premier des droits du citoyen : la garantie de voir son choix électoral reconnu et respecté, le message appelle clarification et implique la plus extrême vigilance » avant de qualifier « la constitutionnalisation d’une commission de surveillance des élections » d' »une offre en trompe l’œil destinée à entretenir la confusion pour reconduire les méthodes du passé, ce qui ne répond ni au problème crucial de la légitimité des instituions ni, par voie de conséquence, à la demande de l’opposition ».
Concernant le deuxième volet relevé par le parti de Mohcine Bellabas porte sur « l’officialisation de la langue amazighe » qui « consacre enfin le combat de plusieurs générations pour une demande légitime et essentielle pour l’harmonie et la crédibilité des paramètres définissant le cadre devant accueillir notre destin collectif » avant de souligner que l' »on ne peut pas parler de réconciliation lorsque la première langue d’Afrique du Nord utilisée par des millions de locuteurs est ignorée par la loi fondamentale du pays ».
Dans le même communiqué, le RCD écrit que « le reste du corpus de ce projet de révision est meublé par des annonces caractérisées par des généralités qui peuvent rester comme autant de vœux pieux si la volonté politique d’aller vers une transition effective ne se manifeste pas concrètement dans la parole et l’action publiques ».
Pour conclure le même parti précise que « répondre positivement dans le texte définitif à la demande de mise en place d’une instance de gestion des élections est le premier des tests qui permettra de vérifier les positions et les objectifs de tout un chacun ». Site officiel du RCD sur Facebook
Le Parti des travailleurs
"Présentant les conclusions du comité central du PT, Louisa Hanoune assure que l’avant-projet de révision de la Constitution compte des incohérences, voire même des fautes d’orthographe «flagrantes». «Les nombreuses contradictions enregistrées parfois annulent et par d’autres diminuent de la pertinence des dispositions positives apportées», a-t-elle noté hier, à la clôture de la session ordinaire du comité central du Parti des travailleurs (PT) tenue à Alger.
Le comité central du PT considère que dans l’avant-projet de la révision de la Constitution, la forme prend un caractère supérieur au fond.
Et d’expliquer que le recours à la consultation populaire permet de «dégager les garanties et les normes ainsi que les dominateurs communs entre les citoyens ce qui donne la crédibilité et la légitimité nécessaires à la Constitution».
A contrario poursuit Mme Hanoune, le recours aux deux Chambres du Parlement constitue une «confiscation» pure et simple de la souveraineté populaire. Le soir d'Algérie
Le Mouvement de la société pour la paix
Communiqué du MSP, ex Hammas, le principal parti islamiste "modéré" présidé par Abderrezak Makri.
«Ce projet de loi n'a pas été ce qu'on nous a présenté pendant des mois. Il n'a pas été la réforme promise par ses promoteurs. Il ne reflète que la vision du président de la République et de celle qui sont au tour de lui. Il n'a rien de réformateur, ni de consensuel», écrit Makri pour lequel ce texte de loi n'a rien à voir avec les propositions de la classe politique, y compris les partis du pouvoir et leurs ramifications dans la société civile. Pour le MSP, ce projet n'a nullement tenu compte des propositions écrites et transmises à la commission de Abdelkader Bensalah en 2012 et à laquelle cette formation politique avait participé et ne traduit pas les revendications de l'opposition contenues dans la plate-forme de Mazafran, adoptée en juin 2014. Le MSP appuie son constat sans appel par le fait que le régime politique, particulièrement algérien, soit maintenu en l'état. Un régime qui «n'existe dans aucun système politique au monde», poursuit ce parti, proche des Frères musulmans. La particularité de ce régime est que le pouvoir est concentré entre les mains de celui qui n'en a pas la responsabilité, à savoir le président de la République qui n'est comptable devant aucune instance. Le MSP relève dans ce sillage le fait que la majorité parlementaire ne peut toujours pas former son gouvernement, comme cela est pratiqué dans les grandes démocraties. Le MSP estime que la revendication d'une véritable commission nationale indépendante en charge de l'organisation des élections, à tout point de vue et du début jusqu'à l'annonce des résultats, n'a pas été satisfaite. Cette commission, n'est pour le MSP, qu'un clone de celle déjà existante et «qui n'a jamais empêché la fraude». Le MSP réitère une nouvelle fois que le problème du système politique en Algérie n'est pas dans les textes mais plutôt dans la non-application des textes. Algérie-patriotique
Le Pôle du changement.
Extrait du communiqué signé Ali Benflis, coordonnateur du Pôle des forces du changement
"Le pôle des forces du changement réaffirme ses précédentes positions quant au projet de révision constitutionnelle qui ne saurait constituer une priorité compte tenu des dangers qui guettent le pays. Il souligne que la volonté populaire est seule source de tous les pouvoirs, et qu’il serait inacceptable que ce même pouvoir, illégitime, qui a violé à maintes reprises la constitution, propose son amendement, surtout que la vacance du pouvoir a permis à des forces extraconstitutionnelles de s’accaparer du centre de décision. Toute révision de la constitution qui engage l’avenir du pays, exige que le peuple soit consulté à travers des élections propres et honnêtes.
A cet effet, seule une instance indépendante nationale, sera en mesure de conduire ce processus dans toutes ses étapes : révision des listes électorales, préparation, supervision et contrôle y compris l’examen des recours et la proclamation définitive des résultats, en dehors de toute ingérence de l’administration". Le matin-dz
Le Rassemblement national et démocratique
Le secrétariat national du RND, parti dirigé par Ahmed Ouyahia n’émet aucune réserve sur le texte de loi.
« Durant cette réunion, le parti a déclaré sa grande satisfaction devant le contenu de ce document, dans lequel se retrouvent de nombreuses propositions avancées par le Parti, durant les consultations menées sur le projet de révision constitutionnelle », lit-on dans le communiqué du RND, publié ce samedi 9 janvier, à l’issue de la réunion de son Secrétariat national. Le RND soutient « pleinement » cette initiative et appelle ses élus au sein du Parlement « à se mobiliser pour voter en faveur de ce projet, tout comme il charge les structures locales du Rassemblement de mener une large campagne d’explication du contenu de cette proposition ». TSA-Algérie
Le Front de libération nationale
Le FLN, dont le secrétaire général Amar Saïdani a exprimé sa «satisfaction» quant à ce projet de réforme constitutionnelle, semble «irrité» par cette disposition contenue dans l’article 51 qui exclut les binationaux des hautes fonctions politiques de l’Etat. Le FLN affirme ne pas avoir proposé cet article et assure avoir été derrière l’introduction de l’article 24 bis, qui stipule que «l’Etat œuvre à la protection des droits et des intérêts des citoyens à l’étranger dans le respect du droit international, des conventions conclues avec les pays d’accueil, de la législation nationale et de celles des pays de résidence. L’Etat veille à la sauvegarde de l’identité des citoyens résidant à l’étranger, au renforcement de leurs liens avec la Nation, ainsi qu’à la mobilisation de leur contribution au développement de leur pays d’origine».