La libération de la parole se poursuit en Algérie.
Elle a pris un nouvel essor au cours du dernier trimestre 2015, ponctuée par le départ de l'avant scène, de celui qui fut pendant vingt ans, le contrôleur en chef de l'espace public.
On assiste dans le même temps à des opérations médiatiques spéciales, conçues comme des contre-feux, pour que les Algériens regardent ailleurs. Elle visent d'abord à empêcher que les clivages politiques reposent sur le dabat autour des vrais urgences nationales. Ces opérations animées autour d'acteurs has-been ou caractériels du système: Une vraie fausse gauchiste en quête d'auteur; un général obtus à l'égo démesuré ; un chef des patrons aux yeux plus gros que le ventre, un chef du FLN assurant le repoussoir hégémonique. Dans le casting, on trouve aussi deux ou trois écrivains- maîtres-à penser qui semblent avoir pour fonction de "complexer " les Algériens, en leur tendant un miroir où leurs visages et leur âmes ne sont pas beaux à voir. Il y a aussi les béliers provocateurs de service, éradicateurs et salafistes, titillés au bon endroit comme leurs congénères ovins. Et il y a plus que jamais, ces réseaux d'influence, mais désormais cousus de fil blancs, œuvrant au brouillage de pistes, que les Algériens commencent de plus en plus à démêler.
Comme lors des "crises" de démangeaison précédente à l'intérieur du système, c'est à l'honneur d'anciens héros l'épopée nationale algérienne que des médias s'en prennent. Un fils de héros kabyle de l'insurrection a même craché sur l'Emir Abdelkader parce qu'il serait "l'ancêtre du Clan d'Oudja"! Excédé par les nouvelles poussées iconoclastes, montées par une officine quelconque, un chroniqueur s'écrie ce matin : "Laissez-nous notre histoire et nos symboles!"
En face des mises en scènes, écarts de langage et autres saloperies politico-policières, le blogueur lit et entend de plus en plus de paroles sages et intelligentes, pôrte-paroles d'une opinion publique qui veut exister, émanation du peuple algérien du XXIè siècle qui cherche un nouveau lociciel. Mais elles sont atomisées, privées de ces espaces communs d'échange qui démultiplient les impacts. Il y a aussi cette nouvelle donne : des partis et leurs adhérents évaluant et approfondissant leurs lignes politiques projetant de se rencontrer pour élaborer de nouvelles règles du jeu. Cette tendance saine et prometteuse rencontrera-t-elle la démarche présidentielle de révision constitutionnelle. C'est sans doute une des questions politiques des prochaines semaines.
(à suivre)