Dissolution du DRS. La presse algérienne prise de court
le nouvel organigramme accompagnant la dissolution renforce considérablement les leviers présidentiels. La fin du DRS suscite les gros titres de une et quelques premières analyses, mais les principaux éditorialistes semblent prendre le temps de réfléchir.
Ces trois syllabes (DRS) qui font trembler de nombreux Algériens un quart de siècle durant, ne résonneront plus et n'existent plus, écrit Hassan Moali dans Le Temps d'Algérie. C'est un ouf de soulagement pour ceux qui ont eu à se retrouver, pour une raison ou une autre, entre les fourches caudines de ce corps de sécurité absolument hors contrôle, et qui évoluait comme un Etat parallèle grâce à la toile d'araignée qu'il a tissée dans toute la société".
Quel changement? "Pas grand-chose! répond le politologue Rachid Grim sur TSA. Sauf que le Président a donné à la DSS de nouvelles prérogatives que le DRS n’avait pas. Je veux dire que le DRS ne coordonnait pas les affaires de sécurité et chaque service travaillait de manière un peu cloisonnée. Dorénavant, les services de sécurité pourront travailler en coordination. Ce n’était pas vraiment le cas auparavant (...). Je dirai que c’est une chose logique. Et en termes d’efficacité des services de sécurité, c’est une très bonne chose puisqu’il s’agit de coordination" Selon lui " ce changement donnera beaucoup plus de pouvoir au président Bouteflika et Tartag est un homme qui lui est totalement acquis."
"Respect et considération" à l'Expression. "Quand la République chavirait face à un terrorisme féroce, cette structure, à sa tête le général Mohamed Mediene dit Toufik a joué pleinement son rôle et pris ses responsabilités, affirme Brahim Takheroubt dans l'Expression. Le DRS a non seulement sauvé l'Algérie des griffes des extrémistes, mais toute la sous-région, ce qui lui a valu respect et considération des services de renseignement de la planète entière". Mais ajoute-t-il "les enjeux du moment, la conjoncture, la nature des conflits et les méthodes de lutte imposent une réadaptation des services de renseignement".
"Pérennisation du système?". Au-delà du changement d’acronyme, il s’agit à priori donc clairement d’un retour aux affaires courantes pour les services de renseignements algériens affirme le journaliste Yacine Babouche sur TSA. Au même titre que le passage de la Sécurité Militaire vers le DRS n’avait en rien affecté les pratiques de la police politique, le passage du DRS vers la DSS ne devrait augurer aucun changement dans les pratiques classiques qui ont fait aussi bien la renommée que l’infamie des services de renseignements algériens. Il semble clair que l’existence de la DSS n’obéit pas à un désir de progrès dans les méthodes, mais qu’elle est plutôt le résultat de la volonté du pouvoir de disposer d’un organe à nouveau acquis à sa cause, dont la principale priorité sera avant tout de contribuer à la pérennisation du système".
"Est-ce la fin de la police politique ?" s'interroge la journaliste Nadjia Bouaricha dans El Watan. "Qu’est-ce qui pourrait donc aujourd’hui garantir que cette nouvelle restructuration des Services de renseignement apportera la fin des pratiques de la police politique ? Les partis politiques, le mouvement associatif et les médias seront-ils épargnés par les infiltrations, les mouvements de redressement mécanisés et les fichages tous azimuts ? Les pratiques et actes extrajudiciaires cesseront-ils ? Y a-t-il réellement une volonté d’en finir avec la police politique ou s’agit-il de simples manœuvres de positionnement entrant dans le cadre de la lutte des clans ? Le doute est légitime tant ces «changements» sont faits dans l’opacité et loin de tout débat ou implication de l’avis des citoyens. S’il y a une réelle volonté d’en finir avec les pratiques de police politique, il est impératif de mettre les bases d’une réelle démocratie, où le peuple aura seul le choix de ses représentants et élus et ses droits de justiciables seront garantis et jamais foulés au pied par les décideurs".