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Publié par Saoudi Abdelaziz

Le terme de privatisation est marqué du syndrome de l'échec. La cession du complexe d'El Hadjar à une multinationale a abouti aux résultats connus de tous, si bien que même l'initiateur de cette décision, Temmar avoue 15 ans plus tard : "C'est un échec". Globalement, les suppressions d’emplois sont estimées à 400 000 postes de travail depuis le lancement effectif des privatisations en 1998. Au lieu de mettre en oeuvre une dynamique immédiate de mobilisation des énergies nationales pour la relance de la production dans les grandes entreprises industrielles, le gouvernement, englué dans l'idéologie néolibérale qui l'entoure de tous côtés et privé de l'opinion publique -sage mais réduite au silence-, opte pour la fuite en avant. Mais consent à une concession sémantique: ce n'est plus la privatisation mais "l'ouverture du capital social"

Internationale libérale et Prix Nobel

Depuis septembre 2014, Le ministre de l'Industrie confie la formation de ses cadres au temple toulousain du néolibéralisme radical à l'américaine, créé et dirigé par un prix Nobel bien dans ces temps néolibéraux méprisables. Bouchouareb connaît la rengaine. Chargé des relations extérieures du RND, il a été réélu vice-président de l’Internationale démocrate centriste (IDC) lors de son sommet tenu à Mexico en juillet dernier. C'est son deuxième mandat. Il siège dans cette organisation internationale aux côtés des Premiers ministres de droite espagnol, Manuel Rajoy, et hongrois, Viktor Orban, ainsi que de l’ancien président de la droite libanaise antipalestinienne, Amine Gemayel. La réunion a notamment été consacrée aux "grands défis du 21e, dont la place de l’économie sociale de marché dans le monde d’aujourd’hui."

Est-ce Jean Tirol qui a refilé cette astuce à Bouchouareb ; baptiser la privatisation du doux nom d' "ouverture du capital social". Une chronologie de la privatisation à l'Algérienne a été établi par le chercheur universitaire Mohamed Tahar Hamamda qui note à propos du bilan des privatisation, entre 2003 et 2007 : "En Algérie,  si la privatisation répond à l’inefficience économique du secteur public marchand, elle s’est traduite par un net recul de la contribution de l’industrie dans la création de richesses, généré par un tassement de la demande (rétrécissement du marché, désinvestissement, baisse de la production)". Nous résumons cette chronologie

Les lois fragilisent progressivement le statut des Entreprises publiques

D'abord les lois qui, en 1987-1992, furent promulguées après la crise pétrolière de 1985. Elles désétatisent l’économie en promulguant une série de textes juridiques, notamment ceux initiés par l’équipe des « réformateurs". Puis sous la pression directe du FMI, le lancement du programme de privatisation avec l’ordonnance 95-22 du 26 août 1995, modifiée par l’ordonnance 97-12 du 19 mars 1997. Sa mise en œuvre a débuté effectivement en 1998.

Une nouvelle ordonnance est adoptée août 2001. Elle modifie, six années après, avec plus d’audace, le cadre réglementaire mis en place en 1995. Elle détermine l’organisation, la gestion et la privatisation des entreprises publiques économiques (EPE). Ce texte réaffirme clairement que tout le patrimoine des EPE est cessible et aliénable (art. 4), celles-ci « sont toutes éligibles à la privatisation » (art. 5), y compris les banques et compagnies d’assurances. Aux fonds de participation succèdent les holdings. nouveau cadre juridique, adopté en 2001, facilite le processus de privatisation en simplifiant les procédures.

Les partenaires sociaux non préparés aux privatisations

Le chercheur de l'université de Khenchela analyse le comportement des deux pôles sociaux directement intéressé, capital national et le monde du travail. IL écrit : "La structure du capital national est dominée par une forme de propriété individuelle et familiale soumise à la logique du gain facile, rapide et garanti. Cette dernière échappe à la dynamique capitaliste de l’accumulation de la richesse. Elle se confine dans les règles peu orthodoxes de l’économie informelle".

A l'autre pôle, le chercheur note : "Le principal syndicat, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) n’a été associé, au même titre que les autres partenaires sociaux, à aucune forme de débat, portant sur le sens, les finalités, les modalités et les conséquences du processus de privatisation, sur l’outil de production et sur l’emploi des travailleurs salariés". Il ajoute : "Cette absence de dialogue a créé un mouvement de résistances aux réformes qui sont pourtant nécessaires dans la phase actuelle du développement du pays. Par ailleurs, les intérêts des travailleurs semblent s’opposer à ceux des élites porteuses de politique syndicale défendue par une organisation en phase avec les orientations définies par le pouvoir exécutif. Dans ce cas de figure, la logique de l’UGTA subordonne le mouvement social aux stratégies déployées par les pouvoirs publics en réduisant toute contestation ouvrière à un mal nécessaire induit par la modernisation économique du pays".

POST SCRIPTUM

L'expérience du précurseur marocain

Les privations ont été menée dans les années 80-90. Dans son ouvrage "Le temps des entrepreneurs? Politique et transformation du capitalisme au Maroc"  Myriam Catusse a étudié l'expérience de précurseur du Maroc en matière de privation à grande échelle, durant les années 80-90. EXTRAITS

"Les privatisations recèlent de fait une double facette que tous les observateurs avertis de ces processus constatent à plusieurs échelles dans d’autres contextes nationaux. D’une part, il s’agit pour les autorités publiques d’obtenir des fonds, d’instaurer de nouveaux modes de régulation économiques. D’autre part, il s’agit également pour ceux qui maîtrisent les mécanismes de la privatisation de nourrir l’existence de réseaux politico-économiques complexes (...) Compte tenu de la célérité avec laquelle les privatisations ont été menées dans le cas du Maroc, nous verrons qu’elles profitèrent d’abord aux élites et groupes particuliers qui concentraient d’ores et déjà de considérables capitaux personnels et des ressources matérielles ou sociales importantes. D. Stark (1996) dresse le même constat pour les pays d’Europe centrale ou orientale où les élites en place avant la transition vers l’économie de marché captèrent les bénéfices des privatisations là où ces dernières furent les plus rapides. Dans le cas du Maroc, le caractère « incestueux » des procédures est d’autant moins étonnant que la transition économique n’a pas succédé ou accompagné une transformation majeure du système politique, une rupture de système ou encore l’éviction d’une nomenklatura".

 

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Privatiser en période de crise (baisse des rentrées devises et ses conséquences), au profit d'entrepreneurs privés déficients en management pour la plupart, est une mauvaise affaire pour l'état et pour les travailleurs des entités promises à la privatisation,autant qu'à l'économie en général. En Vendant à bas prix ses actions sous la pression de la dèche financière, avec la perspective de licenciements massifs de personnels considérés surnuméraires par les nouveaux propriétaires, sans pour autant être aidé par ceux-ci dans un développement de la productivité et de la production, ou de la création d'emploi, l'état se prépare une situation de crise multiforme sociale, économique et politique qui peut mener loin, au minimum, à la chute du régime politique en place, au pire, à la désintégration du pays, si par malheur il accédait dans une seconde phase de la privatisation, au désir des patronats d'étendre l'opération à Sonatrach.
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