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Publié par Saoudi Abdelaziz

Notre pays peine depuis trois décennies à passer la vitesse supérieure de son développement national. Nous payons le prix d'intégrations successives dans les pseudos règles mondialisées de l'Occident, sans admettre que ce monde est déréglé et s'enlise. Nous continuons malgré cette succession d'échecs aveuglants de vouloir continuer d'abdiquer nos capacités nationales de décision. Nous continuons de chercher dans un modèle néolibéral déjà dégénéré, les recettes aux impasses qu'il a provoquées dans notre pays. Arrivera t-il le temps où s'affirmeront de véritables ambitions nationales? Le pouvoir pense-t-il pouvoir continuer impunément d'apprendre la coiffure sur la tête d'un peuple l'orphelin?

Peuple orphelin? Contrairement aux nouvelles élites mondialisée-souvent privées d'épaisseur historique, qui lorgnent vers les centres de décisions- la vieille génération de décideurs semble moins assurée que le peuple Algérien se laissera embarquer dans une nouvelle galère néolibérale. Il est vrai que ce peuple est resté aussi longtemps silencieux que le général Toufik, le maître de la parole publique. Mais le restera-t-il? L'écrivain portugais Fernando Pessoa écrivait il y a longtemps:  « Mais il n’y a qu’une seule chose qui puisse faire sentir à celui qui gouverne qu’il ne peut abuser, c’est la présence sensible, presque corporelle, d’une opinion publique directe, spontanée, unie, organique, dont dispose tout peuple sain en vertu de l’instinct social qui en fait un peuple".

Concurrents mais complices

Habib Yousfi, le président de la confédération patronale CGEA n’apprécie pas l'hégémonie de son concurrent le FCE. Il se plaint d'être mis à l'écart :  “Je remarque dit-il qu’il y a un nouveau patronat qui s’installe, qui est en train de déployer ses tentacules un peu partout et qui dit : je dicte mes volontés aux ministres et au gouvernement". Ce patron se plaint de ne pas avoir été consulté sur la loi de finances 2016, ce qui motive, «le rejet par la CGEA de cette loi». Mais attention, le personnage défend l'article 66 : «Je suis pour que les entreprises stratégiques du pays ne soient pas touchées par ses dispositions, mais je suis pour que toutes les autres entreprises relevant de secteurs qui ne le sont pas soient ouvertes au privé, y compris étranger.» Comme le gouvernement, il excepte quand même du saccage Sonatrach, Sonelgaz et autres Algérie télécom....

Autocolonialisme ou néocolonialisme?

Le 15 décembre 2015 restera-t-elle comme une date historique? Le même jour, deux écrivains algériens ont été frappé d'illumination. Ils ont trouvé l'origine du mal algérien. Mais est-ce le même? "Et si après l’échec de Rome, Byzance, les Espagnols, la France, les Ottomans, l’Algérie va être finalement détruite par l’Algérie? Dans un festin nu de dévoration autonome?" pose d'emblée comme postulat, Kamal Daoud.

Rachid Boudjedra voit les choses sous un autre angle: "À partir de 1850, puis avec l’avènement de Napoléon III, la France coloniale a mis en place une politique dite de l’indigénat. Il s’agissait de récupérer les rares élites algériennes venues du maraboutisme, des classes bourgeoises (très restreintes) et des quelques Algériens incorporés dans les armées françaises de l’époque." Après l'indépendance sont venus "Les néo-indigènes",  "élites algériennes formées par les universités algériennes et passés souvent par les hautes sphères de l’administration nationale". L'écrivain qui a endossé dans l'hétéroclite TSA-Algérie, sa nouvelle tenue de médiatique, explique : "C'est parmi ces élites que s’est "formé un neo-indigénat fait de bric et de broc et dans lequel on trouve d’anciens officiers de l’Armée nationale (d’où le « qui tue qui? » des années rouges), d’intellectuels, d’universitaires et d’artistes (des écrivains surtout !). (...)  Ainsi, ce nouvel indigénat nostalgique et au service de la France fait du zèle et s’agite beaucoup, ces temps-ci, pour accabler l’Algérie, défendre la période coloniale devenue idyllique, et flatter le sionisme et l’État d’Israël, etc. Ce qui ravit une certaine France et l’installe dans les transes de la jubilation".

Au service de la France? Ce n'est pas ce hizbfrança médiatico-artistique qui tient l'Algérie selon Kamal Daoud qui titre "Quand le décolonisé rejoue (à mort) le colonisateur". Plus ancien dans la fonction de maître à penser médiatique que son congénère, l'écrivain-chroniqueur livre l'illumination qui vient de le saisir: le mal est à cent pour cent algérien, le colonialisme a complètement phagocytés l'Algérie. "L’idée est cette sourde intuition d’hier : et si l’auto-colonisation algérienne va détruire ce pays comme ne l’ont pas réussi les colonisations anciennes? Et si le véritable ennemi est ce type d’Algérien qui réunit la légitimité du propriétaire avec la monstruosité prédatrice du locateur? Le colon enfin libre car il est colon et décolonisé? (...). En réalité, toute la structure de l’Etat n’a pour modèle de comportement que le comportement amnésique du colon : alors, on le reproduit, on le mime, dans le vide d’une liberté sans sens dans l’avenir".

"Libre" et "libéré" ne sont pas synonymes

On connait l'addiction des deux maîtres à penser à la fameuse et "complexe" relation franco-algérienne. L'auteur du Rivage des Syrtes, Julien Gracq écrivait il y a quinze ans : "Les marques de l’ancien lien de sujétion entre colonisateurs et colonisés, protecteurs et protégés, restent indélébiles des deux côtés. "Libre" et "libéré" ne sont pas synonymes ; ce n’est que quand la liberté a effacé derrière elle, avec le temps, sa genèse et son histoire qu’elle est vraiment libre, libre comme l’air, comme l’air qu’on respire sans y penser.(...) Cette stase post-coloniale que nous vivons, relève — anciens maîtres comme anciens sujets — de refoulement ténébreux, d’une psychanalyse des foules qui n’a pas encore été inventée. Le libéré sent qu’il devrait être libre plus quelque chose, qui viendrait le payer de son arriéré de servitude ; le libérateur, qui se sent pousser après coup une fibre paternelle, regarde amèrement lui tourner le dos un fils prodigue qui ne reviendra pas".
 

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