La Lettre des 19. Complots de sérail et déréglementation néolibérale
Abdelkader Guerroudj, signataire de la lettre des 19. Qu'est-il allé faire dans cette galère? Photo DR
Après quelques jours de réflexion, les politologues médiatiques nous proposent les explications de la lettre des 19. Pour l'un, ces gens-là ont une "feuille de route"; pour l'autre c'est "peut-être une manipulation". Pour le dernier, amateur de formule-choc: "Cette affaire confirme que le pays a perdu son système immunitaire". La formule du Dr House sera-t-elle retenue? Elle pourrait sans doute servir à diagnostiquer une maladie au symptômes très mesurables : l'hémorragie de 20 milliards de dollars transférés chaque année, tranquillement, par les banques à l’étranger, grâce à la surfacturation. Cela s'appelle la déréglementation néolibérale.
"Une alerte sur une intrigue de palais" , c'est ainsi que le quotidien Liberté titre aujourd'hui sur la lettre des "19". Mehdi Mehenni affirme notamment: "Leur démarche semble plus destinée à faire barrage à un scénario qui se tramerait en haut lieu, plutôt que de s’inscrire dans la simple perspective de rencontrer le Président. La demande d’audience étant en soi une alerte sur un fait presque avéré. À savoir, l’incapacité d’Abdelaziz Bouteflika à gouverner. Ce groupe a d’ailleurs sciemment précisé que dans le cas où la demande d’audience ne trouverait pas une réponse favorable, d’autres actions seront engagées. Ce qui, en somme, laisse entrevoir une feuille de route déjà tracée dont le but serait de faire avorter un plan de succession en cours. Ce qui suppose que les “dix-neuf” en savent quelque chose".
C'est sur ce mode du complot de palais, que sur le site Algérie-focus, titre : "Les 19 “blagueurs”. Abdou Semmar s'interroge : "Mais pourquoi avoir attendu le départ du général Toufik du DRS et d’une dizaines de hauts cadres de cet appareil pour manifester une inquiétude somme toute légitime ? Cette lettre est arrivée à El-Mouradia au moment où le “retraité” général Toufik accueillait en son domicile à Club des Pins des “personnalités” et des anciens dirigeants pour leur faire des confidences sur “l’entourage du Président”. Plusieurs sources concordantes nous ont confirmées la tenue de ces entrevues entre l’ancien patron du DRS et plusieurs acteurs de la vie politique algérienne. Est-ce une manipulation ? Peut-être".
"Ce que révèle la lettre des 19", titre ce matin la chronique de Abed Charef dans Le Quotidien d'Oran. Sa conclusion-choc sera-t-elle retenue par l'histoire? "Cette affaire confirme que le pays a perdu son système immunitaire". Son diagnostice finale : "Le pays ne fonctionne plus, et des anciens proches du chef de l'Etat, dont des zélateurs qui lui doivent beaucoup, ont commencé à prendre leurs distances. Et malgré les précautions de langage, leur lettre montre bien que le doute est bien ancré : Abdelaziz Bouteflika ne peut plus exercer les fonctions de chef de l'Etat. (...) Les 19 le rappellent aujourd'hui. Peu importent leurs raisons, mais ils mettent le doigt dans la plaie : le pays est si désarmé qu'il n'a pas été capable de réagir face à une situation que plus personne ne peut désormais nier". Et de conclure :"On pardonnera dès lors au groupe des 19 ses propres incohérences, mais on notera que si le coup est cruel pour le président Bouteflika, au final, c'est l'Algérie qui subit le coup le plus dur. Car cette affaire confirme que le pays a perdu son système immunitaire".
En attendant les prochaines analyses.