GRECE. En attendant la négociation sur la dette...
En cette rentrée scolaire, 2032 écoles grecques ont déposé une demande d’aide alimentaire d’urgence à distribuer aux élèves scolarisés au sein de leurs établissements, étant donné que près d’un demi-million d’enfants en Grèce vivent dans la pauvreté. Au même moment, les députés grecs de la majorité Syriza-Anel ont fait passer hier les premières mesures antipopulaires imposées par les créanciers en juillet dernier.
"La stratégie d'Alexis Tsipras est cependant toujours la même, estime Romaric Godin un des meilleurs observateurs de la scène grecque. Il explique : "Du côté de l'opinion publique, affirmer que ces textes sont "mauvais", mais qu'il n'y a pas d'alternative et, du côté de la troïka, jouer parallèlement le « bon élève » pour obtenir ce qu'il est possible d'obtenir des créanciers. Son premier objectif est, évidemment, la négociation sur la dette qui aura lieu en novembre après la première revue de la troïka". Mais ajoute l'observateur "Si l'idée d'une restructuration semble acquise, les conditions risquent d'être déterminées par d'autres considérations que les besoins grecs".
L'Unité populaire encore groggy
Si le parti communiste participe, aux côtés des syndicats de la fonction publique, aux manifestations contre les mesures gouvernementales, tout en votant contre Tsipras aux côtés de la social-démocratie, des néolibéraux, de la droite et d'Aube dorée, c'est encore le temps de l'indécision du côté de l'Unité populaire, née de la scission de de Syriza, mais privée de représentation parlementaire. Le 13 octobre, Panagiotis Grigoriou le blogueur sympathisant de l'Unité populaire rapportait, non sans dérision : "Lors d’une réunion récente dans un amphithéâtre décadent et sali de la vieille École Polytechnique, ceux de l’Unité populaire (ayant quitté SYRIZA en août), se livrent comme ils le peuvent à un piètre exercice d’auto-psychanalyse. Ces braves gens, habitués des rouages, des luttes, comme des méthodes des partis de la gauche, ne réalisent pas tout à fait qu’ils n’appartiennent plus à un quelconque corps politique". Le blogueur écrivait déjà le 4 octobre: " Entre les protagonistes de l’Unité populaire... c’est la désunion, certains quittent la scène publique discrètement, d’autres, agissent ou plutôt, ils rallongent les allures de leur amertume, article après article publié forcement sur internet".
Grèce, Portugal, Espagne
Au Portugal, L'évolution politique semble prendre un tournant inédit, selon François Leclerc qui écrit que la formation d’un gouvernement socialiste appuyé par le Bloc de gauche et le Parti communiste est l’objectif recherché par Antonio Costa, le secrétaire général du PS portugais. François Leclerc précise : "Les « réunions techniques » avec le Parti communiste et le Bloc de gauche ont commencé et vont se poursuivre, dans le but de rédiger un « programme commun de gouvernement dont l’axe sera d’accorder la priorité aux mesures contre l’austérité" (...) Le Parti socialiste n’est pas Syriza, a-t-il aussi fait valoir, comme s’il tirait de la Grèce la leçon qu’il faut être un pas en avant, pas deux, et qu’il n’est pas question de mettre en cause les engagements internationaux du pays. C’est ce que reflète aussi la position inattendue des communistes et de l’extrême-gauche, qui pensent que ce qui sera obtenu sera toujours bon à prendre". François Leclerc élargit son propos : "Entre la Grèce, le Portugal et l’Espagne existe une communauté de problèmes criants qui vont trouver l’occasion de s’exprimer simultanément. Au Portugal et en Espagne, où il a été levé le pied sur les mesures d’austérité en raison des élections, celles-ci vont-elles ou non devoir reprendre ? Dans ces trois pays, va-t-il pouvoir être espéré des gouvernements français et italien un soutien qui avait fait défaut à la Grèce, précipitant la suite ?". Mais la situation "n’augure pas d’un clair assouplissement de la politique européenne, annonçant un parcours difficile pour le gouvernement socialiste s’il voit le jour".