L'Algérie ne veut plus être dirigée par les services secrets.
"Dans notre pays, sous la conduite du général Tewfik, les services secrets se sont construits avec l'appui des médias une sorte de "légende patriotique" et mis en place, dans l'Etat profond et la société, une force politico-policière que nous désignons sous le terme de Canal Historique.
Par Saoudi Abdelaziz, 31 août 2015
Alors que la radicalisation antidémocratique en Egypte se poursuit, le pouvoir tunisien se fait de plus en plus autoritaire. Le trait commun Sissi-Essebssi, c'est la subordination, sous le drapeau du patriotisme, au mécanisme de domination impérialistes et aux consortiums économiques nationaux hérités de Moubarak-Ben-Ali.
Cette radicalisation se nourrit du fait majeur de la dernière période: l'utilisation du terrorisme pour casser les ressorts souverainistes au Maghreb et au Machreq semble être dans l'impasse pour les stratège de l'Empire occidental. (Lire : Métamorphose ou remake de la doctrine américaine?)
La négation des espoirs de révolution nationale et démocratique qui avaient émergé il y a cinq ans, en Tunisie et en Egypte est donc "justifiée" dans ces deux pays par la lutte contre le terrorisme. L'Empire approuve désormais.
En Egypte après l'échec de la tentative de mettre au pouvoir le maître espion et vice-président Soliman, c'est finalement le chef des services secrets de l'Armée qui a pris les commandes de l'Egypte
Nous avons fait l'expérience dans notre pays de l'impasse absolue à quoi conduit une politique éradicatrice bornée, conduite par des services secrets qui se sont progressivement libérée de la tutelle des institutions légales, en particulier de l'ANP.
Dans notre pays, sous la conduite du général Tewfik, les services secrets se sont construits avec l'appui des médias une sorte de "légende patriotique" et mis en place, dans l'Etat profond et la société, une force politico-policière que nous désignons sous le terme de Canal Historique. Par-delà les modifications dans les organigrammes, ce canal historique continue de se poser en inspirateur de la "sauvegarde de l'Etat algérien".
En mars 2013 nous écrivions dans ce blog : " En Algérie, le service de renseignement de l’Armée a effectué une Opa sur la parole militaire. Le DRS a longtemps utilisé la couverture ANP pour s’arroger un rôle exorbitant et a-constitutionnel. Les réorganisations des années de pseudo-présidentialisme chadliste ont transformé les services d’espionnage et de contre-espionnage en colonne vertébrale. Cette prééminence du DRS dans l’Etat est le facteur principal de la prolongation de la gestion policière de la société algérienne, même si dans la dernière période les espions sont en perte de vitesse, et d'abord dans la vie quotidienne où ils étaient omniprésents. De nombreux démocrates sincères ont d’ailleurs vu d’un bon œil le découplage opéré depuis le début des années 2000, entre Le DRS et la hiérarchie militaire, mettant notamment l’élaboration des missions et le processus de promotion et de gestion des carrières à l’abri du droit de regard et de véto du DRS devenu absolu -et parfois meurtrier- pendant les années 90. (Lire Le DRS n'exclut pas un coup d'Etat militaire)