L'Algérie entre lrrigation ou domination géopolitique par le blé
"En assumant ce statut de puissance en blé, elle doit aussi prendre ses responsabilités et construire sa puissance globale en misant peut-être davantage sur cette céréale", conseille à son pays un chercheur français
La production des céréales a chuté de 25% en 2015 dans la wilaya de Constantine. Selon les services agricoles, la mauvaise croissance des plantes est due à la hausse "inattendue" de la température à l'absence de pluie au moment "propice" selon Le Quotidien d'Oran. Mais à l'échelle nationale, les résultats sont "moyens" selon les officiels. Le journal Liberté reprend les affirmation du directeur de l'Office des céréales: “Je peux dire que par rapport aux conditions climatiques que nous avons eues, nous avons réussi à éviter la catastrophe”. Mohamed Belabdi, cité par l’APS, dit que c'est "une campagne “moyenne” en termes de rendement, mais qui reste “satisfaisante” par rapport au manque de pluviométrie constaté durant les mois d'avril et de mai notamment."
Le blé a soif
Des causes conjoncturelles ne doivent pas masquer les causes structurelles semble estimer le quotidien Reporters-dz qui pointe le noeud des déficience en titrant ce matin : "Leur importation continue d’augmenter L’absence d’irrigation d’appoint plombe la production de céréales". Nadia Zerga écrit, citant des spécialistes : "L’absence d’irrigation d’appoint durant les mois d’avril et mai fait que les rendements à l’hectare, au lieu d’être aux alentours des 50 quintaux, se situent à 30. Une perte de production due essentiellement à l’absence d’investissements des agriculteurs dans des moyens d’irrigation. Cette faible production a un impact direct sur les importations. Ainsi, sur les sept premiers mois de l’année, les quantités importées ont augmenté pour atteindre 7,8 millions de tonnes contre 6,85 millions de tonnes sur la même période de 2014, selon les chiffres du Centre national de l’information et des statistiques (Cnis) des Douanes algériennes".
Allah ghleb...
El Watan, de son côté se contente d'une resucée des dépêches anesthésiantes de l'APS en finissant ainsi son article : " Le premier responsable de l’Oaic considère que l’Algérie dépendra toujours des importations de cette catégorie de céréales en raison des conditions climatiques qui sont défavorables à la culture de ce blé".
La puissance du blé français
"Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la France avait besoin de l’étranger pour couvrir ses besoins en blé. Depuis le dernier tiers du XXe siècle, la France n’a pas de pétrole mais elle a du blé", écrit le chercheur français Sébastien Abis. En 2014, l’exportation de céréales a rapporté 9,5 milliards d’euros à son pays. "Un hectare de blé sur cinq cultivé en France se retrouve consommé par les populations du Sud de la Méditerranée, qui captent deux-tiers des exportations françaises de blé en dehors de l’UE", note ce chercheur de l'Institut stratégique IRIS qui conseille : "En assumant ce statut de puissance en blé, elle doit aussi prendre ses responsabilités et construire sa puissance globale en misant peut-être davantage sur cette céréale".