M'Zab. Entre erreurs et manigances politiques
Au M'Zab, la faillite de l'Etat est-elle suscitée par les manigances de ... l'Etat profond en vue de préparer les conditions d'une nouvelle intervention de la "main de fer" dans la gestion du pays?
"D’aucuns pensent que l’actuel ministre de l’Intérieur réitère les mêmes erreurs qui ont conduit à l’envenimation de la situation et à la défaillance flagrante des dispositifs de sécurité déclenchés depuis le début de la crise. «Les délégués de la société civile choisis par l’administration ne représentent personne en fait, ce sont des notables autoproclamés que personne n’écoute.» Preuve en est l’inefficacité de leurs démarches et la persistance des troubles." C'est ce que rapporte ce matin Houria Alioua, la correspondante d'El Watan au M'zab. Comme en contrepoint le premier secrétaire du FFS Mohamed Nebbou déclare : "En réduisant la crise à une question exclusivement sécuritaire et en refusant toute solution politique, le pouvoir qu’il n’ait pas su, pas pu ou pas voulu régler ce conflit, en porte l’entière responsabilité. Le FFS réaffirme la nécessite d’une démarche politique incluant toutes les forces vives qui peuvent contribuer à l’apaisement et à la recherche d’une solution durable à cette crise qui endeuille la région et au-delà toute la nation".
Le retour de la "main de fer"
Dans leur "Appel pour la paix et la concorde au M'Zab" en février 2014, des personnalités aussi expérimentées que Ahmed Taleb Ibrahimi Messaoud Aît Châalal, Belaïd Abdesselam ou Abderrahman Haj Nacer peinaient à mettre noir sur blanc les causes de la situation : "A l’origine de ces incidents, il y a sans aucun doute des intrigues et des manœuvres de mains criminelles, de mafieux et de truands qui sèment la discorde et le désordre, si favorables à toutes sortes d’intérêts contraires au bien public". L'affaire ne serait donc pas selon eux particulièrement politique, ce sont des criminels de "droits communs" qui en seraient résponsables.
Hier, dans son billet du Soir d'Algérie, très largement lu, Maâmar Farah avance une autre explication. Les évenement sont provoqués par des "stratéges de la tension". Il écrit : "Certains cercles manipulateurs, orientés par des services étrangers, tentent par tous les moyens d'amener une partie des jeunes du Sud à sortir de la légalité, l'objectif étant de mener tout mouvement radical vers une militarisation à la Daesh, puis vers une intervention étrangère qui ne sera pas menée par les Etats mais par leurs mercenaires !" En conclusion: "Il est absolument incroyable qu'un Etat qui montre ses muscles à nos frontières soit incapable de protéger ses citoyens assassinés en plein jour, dans une ville quadrillée par les forces de sécurité..."
Brouiller les pistes
Sans se référer à la situation dans le M'Zab, dans une contribution publié le même jour dans Liberté (Entre l’Amérique et la France : une “guerre à mort” en Afrique), Khelifa Mahieddine un avocat proche des services de renseignement, va dans le même soir que le billetiste du Soir d'Algérie. Il semble avoir pour mission de brouiller les pistes. Il écrit : "En Algérie, la guerre entre les USA et la France se manifeste au travers les luttes de clans pour le contrôle des leviers de l’état. Il est donc évident que le pronostic pour désigner le futur vainqueur de cette lutte de clans est joué d’avance. Il suffit seulement de savoir quel est le clan qui a le privilège d’avoir l’Empire derrière lui. L’Empire et sa mère, la Grande-Bretagne, savent être patients et subtils pour faire échec et mat à leurs ennemis intimes, dans le grand échiquier que constitue la planète". Il faut donc comprendre ici que le parti américain veut évincer Hiz Français et mutuellement.
Avant cette conclusion Khelifa Mahieddine a donné une liste impressionnante des prouesses des services américains: ainsi, ils ont provoqué les évènement de mai 68 en France pour faire tomber de Gaulle; En 1973, au Portugal, la “révolution des œillets”, a été manipulée de toutes pièces, "alors que Frank Carlucci, agent de premier plan de la CIA, était ambassadeur US au Portugal"; ils ont aussi provoqué le Printemps arabe en Tunisie pour faire tomber Ben Ali, jugé trop proche de la France et ajoute le spécialiste du renseignement :"On connaît la suite de cette “Révolution”, manipulée de toutes pièces, et donnée en exemple au monde arabe par les relais sionistes en France." Ces "analyses" sentent bon leur Canal-Historique à bout de nez.
Elections anticipées...
Dans les réseaux sociaux et dans la presse, "le pouvoir", "l'Etat", "les autorités" sont jugées directement responsables de l'aggravation de la tension au M'Zab. "La classe politique dénonce “la vacance du pouvoir” titre ce matin le quotidien Liberté. Les partis de l'opposition qui militent pour des élections présidentielles anticipées, mettent en cause '"la vacance du pouvoir d'Etat". Le porte-parole du RND, le parti de Ahmed Ouyahia affirme à propos des évènements de la veille : “Nous sommes surpris par leur ampleur”. A propos de la passivité des services, Chiheb Seddik dit : “Nous n’avons pas encore assez d’éléments d’informations sur ce qui se passe sur le terrain".