Le 5 juillet grec dans la presse algérienne
L'enjeu du scrutin de dimanche 5 juillet est historique selon les journaux algériens. Le présent d'une "Guerre de civilisation contre un modèle néolibéral sauvage". Le passé évoqué de l'antique exploit des "300" Grecs face à l'armada de Xerès. Ou le futur d'un "scénario catastrophe d’un éclatement de la zone euro".
"Le jour le plus long"
"L’UE, la BCE et le FMI veulent mettre la Grèce à genoux: Le mythe des «300» à l’épreuve de la réalité" titre le quotidien Reporters-dz. Abdelkrim Ghezali écrit "Se présentant comme la seule bouée de sauvetage de la Grèce, l’Union européenne fait pression pour que Tsipras accepte de baisser le pantalon et pour que les Grecs disent «Oui» dimanche prochain, afin que le gouvernement démissionne." Le journaliste conclut ainsi sa longue analyse: "Toutes les attentions sont braquées sur le jour le plus long que sera dimanche prochain. L’avenir de la Grèce dépend de la décision du peuple de rééditer l’exploit mythique des «300» Grecs qui ont affronté la puissante armada de la Perse antique conduite par Xeres. Dimanche prochain, la Grèce sera face à l’eurogroupe, la BCE et le FMI, dont la puissance est une réalité que subissent les peuples tous les jours".
"Scénario-catastrophe"
Après avoir rappelé les péripétie des négociations entre la Grèce et ses créanciers menés par le FMI et la BCE, Akli Rezouali écrit dans El Watan : "Quoi qu’il en soit, la Grèce qui a déjà fait le choix, aux législatives de janvier dernier, de secouer le joug de l’austérité imposée par l’Europe et le FMI, se retrouve aujourd’hui dans une sorte d’impasse inédite, dont nul ne semble mesurer encore les conséquences, a fortiori si elle doit déboucher sur une sortie de la zone euro. Si, pour le pays lui-même, les risques paraissent d’emblée évidents, à savoir un isolement et une mise à genoux de son économie, voire une exclusion du FMI et une rupture des principaux accès aux financements nécessaires à sa survie, pour l’Europe, en revanche, l’inquiétude viendrait d’une éventuelle contagion à d’autres pays en crise, ce qui remettra de nouveau à l’ordre du jour le scénario catastrophe d’un éclatement de la zone euro".
"Cela est la vrai guerre de civilisation"
"L'austérite, une idéologie ?" s'interroge Abdelatif Bousenane dans sa tribune au Quotidien d'Oran. Il écrit notamment: "C'est vrai qu'il y a une responsabilité avérée de la part des gouvernements grecs successifs, par leur mauvaise gestion et par leur laxisme. C'est vrai aussi qu'il y a un problème de fiscalité en Grèce, mais le plus grand problème de la Grèce ces dernières années c'est l'austérité, il faut quand même souligner que le pays a subi 8 plans d'austérité depuis 2009 ! Cette approche économique qui est devenue une sorte d'idéologie, voir de « dictature » qui pèse sur la croissance du pays et qui rend impossible n'importe quel espoir de sortie de ce cercle vicieux".
En conclusion, Bousenane prédit que le soutien à la Grèce ne se limitera pas "à la gauche, aux progressistes et aux anticapitalistes", "mais l'enjeu est tellement immense que ce soutien doit dépasser les frontières idéologiques et s'élargir à tous les protagonistes qui croient en une Europe politique. Ceux qui refusent que la finance et le fric soient les seuls maîtres qui imposent la loi de la jungle. Les humanistes de tous bords, les démocrates-chrétiens et même les capitalistes qui s'attachent toujours aux valeurs et à la morale de l'esprit capitaliste et qui ne se reconnaissent plus dans ce modèle néolibéral sauvage, très arrogant et qui représente une vraie menace sur la paix dans le monde. Cela est la vraie guerre « de civilisations » !