Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Témoignage. Quels changements en Algérie ?

Pierre-Yves Cossé. Photo DR

Pierre-Yves Cossé. Photo DR

Cet ancien commissaire français au Plan, âgé de 81 ans, vient de participer à un colloque organisé par l'Ecole Supérieure de Commerce d'Alger. Extrait de l'état des lieux qu'il a publié dans le quotidien économique La Tribune.fr à son retour en France.

Par Pierre-Yves Cossé, 29 mai 2015

(...) Après cinq ans, date de mon dernier séjour, les changements sont visibles, outre la poussée de la population et de la circulation automobile. De grandes infrastructures ont été réalisées. L'autoroute est-ouest est ouverte, le métro fonctionne à Alger, des lignes de tramways ont été modernisées ou crées (Alger, Constantine, Oran) ou sont en construction (Annaba, Mostaganem, Sétif, Ouargla...) Alstom et la Ratp sont très présents. Le chemin de fer s'électrifie, des voies sont doublées et de nouvelles lignes ouvertes vers le sud. Des édifices administratifs ont été construits de même que des logements. Les connexions internet se multiplient.

Certes les critiques abondent : retards successifs, dépassement considérable des couts, malfaçons. L'on va certes en cinq heures d'Oran à Alger, mais les ralentissements sont fréquents du fait de l'usure prématurée de la chaussée, qui oblige à circuler sur une voie. Les entreprises étrangères, principalement chinoises et un peu japonises, ainsi que la corruption sont mises en avant. La crise du logement est aigue dans les villes, au point que beaucoup de jeunes couples habitent chez leurs parents. Les liaisons internet de qualité variable.

Corruption: des procès ont lieu

A propos de la corruption, l'élément nouveau n'est pas sa dénonciation, qui est ancienne, mais le fait que des procès, dont la presse rend fidèlement compte, ont lieu. Ce ne sont pas des ministres ou des généraux qui sont au banc des accusés mais tout de même des directeurs d'administration ou d'entreprises et des colonels.
La presse quotidienne francophone est toujours aussi critique. A propos de l'interdiction d'une manifestation « paisible » contre l'exploration du pétrole et du gaz de schiste dans le grand Sud, un journaliste commente « la loi ignore presque le droit, signe chronique d'une pathologie politique » Un autre reprend la formule de Coluche « s'il y avait un impôt sur la connerie, l'Etat s'autofinancerait".

Toujours pas de tourisme

Le procès de l'ancien président de la Khalifa Bank occupe des pages entières des journaux. A vrai dire, sans être truqué, le procès semble soigneusement préparé. L'accusé Abdelhamène s'abstient de mettre en cause de hauts personnages et le juge n'insiste pas sur les points les plus délicats. Il y aura condamnation mais après...
Ce qui ne change pas non plus dans les quotidiens, ce sont les rubriques sur l'encombrement des ports et le développement du tourisme. Ce secteur est au point mort. Les Algériens n'ont jamais eu l'envie d'être les larbins des riches touristes européens et préfèrent le tourisme chez les autres, principalement en Tunisie où leur clientèle vient avant celle des Français (plus d'un million de touristes) et est considérée comme peu facile. Ils sont également présents au Maroc (90 000) en dépit de la fermeture des frontières.
Les beaux hôtels construits par Pouillon dans les premières années de l'indépendance, n'ont pas été entretenus. Il existe quelques grands hôtels plus récents, réservés principalement à la clientèle d'affaires, souvent équipés de belles piscines. A Alger, l'hôtel Saint George et ses jardins ont quasiment retrouvé leur charme et leur splendeur.

Bien sûr, la sécurité est un obstacle, surtout pour les Français depuis l'enlèvement et l'assassinat d'Hervé Gourdel l'an dernier en Kabylie. Le ministère français des Affaires dissuade de se rendre en Algérie pour des motifs autres que professionnels. De leur côté, les autorités algériennes exigent que les étrangers de passage demandent une autorisation pour leurs déplacements en dehors de la willaya de résidence.
Pour mes deux jours de tourisme (Tlemcen) j'ai été accompagné en permanence.
J'ai constaté une heureuse continuité, l'hospitalité maghrébine est toujours aussi prévenante et généreuse.

Texte intégral : La Tribune.fr

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article