Correctifs: début de dégel politique en Algérie?
"L’antécédent est inédit. Grave, sinon". car "visiblement, le processus a échappé au président de la République, puisqu’il réagit, quatre jours après, pour corriger une incongruité". C'est ainsi que Sofiane Aït Iflis, specialiste du fonctionnement du système politique algérien, juge dans Liberté, les correctifs apportés hier par le chef de l'Etat à la définition des prérogatives dans le nouveau gouvernement et à l'affectation des grands commis de l'Etat.
Mais pourquoi "grave"? Le blogueur trouve au contraire, qu'il y a une fraîcheur bienvenue dans le fait, que le pouvoir soit amené à "corriger" des décision lorsque s'expriment des critiques sur le sujet, et qu'il ne s'entête pas par principe. La chose n'est si "inédite", rappelons-nous cette autre rectification du message de Bouteflika lors de la journée du moudjahid.
Et l'on voir aussi se multiplier l'usage des correctifs -que cette note n'a pas pour objet d'analyser-, comme celles sur l'importation de véhicules, la gestion des plages, le contrôle des patrimoines, etc.
Cette tendance inédite du pouvoir à être "réactif" par rapport aux points de vue divergents exprimées par l'opinion ou les spécialistes et le début de fluidité dans son paysage politique, pourrait s'interpréter comme signe de degel politique dans notre pays.
Cette capacité à être plus "réactif", est interprétée généralement par les journalistes du "serail", comme la conséquence de l'exacerbation des contradictions dans le régime. Exacerbation qui menacerait la cohésion nationale. Mais, est-ce vraiment une mauvaise chose pour le pays, de continuer à être étouffé par l'unaninisme de façade et par l'occultation des débats de fonds, où réside le véritable danger pour l'avenir.
L'Algérie gagnera à la confrontation plus fluide des intérêts des groupes sociaux et à la culture du compromis faite de constants aménagements dans les arbitrages de l'Etat, respectant des rapport des forces exprimés au grand jour. Et surtout évidemment sur les sujets "stratégiques".
Mais ceci est une autre affaire... Celle de l'Etat de droit et de ses règles et celle du consensus populaire qui premettra son enracinement.