Le "nous" nocif de Jean-François Kahn, "le déclic" de Sadek Hadjerès, et le risque de clash en Tunisie
Jean-François Kahn estime que là où les Occidentaux s'en sont mêlé les "Printemps arabes ont tourné à la catastrophe". Après les législatives tunisiennes et à la veille des présidentielles proches, les "démons éradicateurs" semblent se réveiller. En Algérie Sadek Hadjerès aimerait "que l'on arrête de tourner en rond".
"Les printemps arabes dont on s'est mêlé nous".
Dans l'interview accordé au journal Liberté, le grand journaliste français Jean-François Kahn ne craint pas d'aller à contre-courant:
"Aujourd’hui, il y a toute une tendance qui consiste à dire que c’est une catastrophe, et on aurait jamais dû soutenir les Printemps arabes, regardez les conséquences ! Je crois que c’est une mauvaise lecture. Ce qui a été terrible, et ce qui a été une conséquence absolument redoutable, ce sont les Printemps arabes auxquels on s’est mêlés nous. La Libye, c’est absolument catastrophique. Mais ce n’est pas la révolte des Libyens qui est catastrophique, mais c’est notre intervention à nous qui a provoqué ce bilan absolument calamiteux. En Irak, la catastrophe c’est d’être intervenu. Mais en revanche, en Tunisie, où on n’est pas intervenu, pour l’instant objectivement ça tourne plutôt bien. Même en Égypte, je ne peux pas dire que ça tourne bien, mais ils ont échappé au pire quelque part. Je crois que les révolutions arabes sur lesquelles s’est plaquée une intervention extérieure ont été extrêmement calamiteuses".
"Démons éradicateurs" en Tunisie
"La pérennité de la révolution, enjeu déclaré des présidentielles". C'est le titre de l'article du tunisien nawaat.org. Seif Soudani écrit notamment : "Dimanche 2 novembre, le nouveau paysage politique se dessine à vitesse grand V. C’est à Monastir que Béji Caïd Essebsi a décidé de lancer sa campagne électorale, lors d’une grande messe presque superstitieuse, au milieu des tombes, face au mausolée de Bourguiba, comme pour mieux signifier qu’en réponse à la peur du présent, on invoque un passé paternaliste (...). En renouant avec ses démons éradicateurs, une partie de la classe politique pousse le pays au clash. Si un RCD remanié concentre à nouveau demain les pouvoirs législatif et exécutif, toute la violence jusque-là contenue pourrait alors exploser mettant un terme au mythe de la paix civile bien de chez nous".
Le "déclic" selon Sadek Hadjerès
Ghada Hamrouche a recueillis quelques propos de l'ancien secrétaire général du Pags, à la Foire internationale d'Alger. Extraits.
"On aurait aimé que l’on arrête de tourner en rond et que les aspirations du peuple soient enfin réalisées". Sadek Hadjerès ne manquera pas d’exprimer son souhait de voir enfin une "unité de l’action autour de l’esprit du 1er novembre et que les initiatives ne soient pas prisonnières des états-majors politiques". Il souhaite surtout que tous les acteurs sociaux et politiques se retrouvent autour d’une union adoubée d’une base populaire pour pouvoir impulser un nouvel éveil national (...) Comme par le passé, "ce peuple a su s’arracher aux griffes coloniales en se forgeant une conscience politique", Hadjerès croit et appelle à œuvrer à créer «le déclic qui permettra à la nation de s’éveiller à nouveau». (Source:huffpostmaghreb.com)