Nouvelles pressions américaines pour jeter l'Algérie dans une aventure militaire en Libye
Est-elle vraiment "surprenante" cette note du département d'Etat américain publiée le 13 août qui "conseille fortement aux citoyens américains qui voyagent en Algérie d’évaluer attentivement les risques sur leur sécurité. La menace du terrorisme et de kidnappings est très sérieuse en Algérie".
Position de l'autruche? Le porte-parole algérien du ministère des affaires étrangères qualifie curieusement cette note de "non événement". Il relève que "l'affirmation selon laquelle deux groupes terroristes continuent d'être actifs à travers le territoire algérien, est manifestement tout aussi infondée que la prétendue alerte du 4 juillet dernier relative à des risques d'attaques contre des établissements hôteliers à Alger". Mais, avec une inexplicable indulgence Benani Cherif met cette initiative américaine sur le compte d'une sorte de "routine répétitive". Prenant la posture du bon élève, il ajoute que cette note "détourne l'attention des véritables théâtres".
Mais l'administration américaine détourne-t-elle l'attention, ou veut-elle au contraire impliquer notre pays dans ces "véritables théâtres"? Faisant mine d'ignorer que nos frontières font l'objet d'une protection efficace, cette note américaine, à fonction ultra médiatique, suggère que l'intervention militaire de notre pays de l'autre côté de ces frontières est nécessaire pour sécuriser le séjour des citoyens américains en Algérie. CQFD.
Les USA ayant donné le ton médiatique, Il faut sans doute s'attendre dans les prochains jours à des "travel warning" similaires venant de pays partageant la ligne stratégique américaine. Les pressions se multiplieront pour que l'Algérie prenne la relève de l'Otan en Libye. Avec pour mission humanitaire de "sauver les civils", comme en 2011, à l'appel cette fois-ci de l'ultra minoritaire parlement de Tobrouk.
L'Algérie s'enfonçant ainsi pour de longue années dans le bourbier, polarisant contre elle le sentiment national libyen et se détournant des efforts politiques prioritaires pour aider, patiemment, les Libyens à prendre langue et bâtir eux-mêmes un consensus national durable.