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Publié par Saoudi Abdelaziz

"L'administration israélienne, en plus de réduire les coûts économiques, exploite maintenant la violence dans les territoires palestiniens comme stimulus économique. C'est dans ce cadre d'économie de la violence qu'il faut situer la présente opération". (Photo DR)

 

Gaza et l'économie néolibérale de la violence en Israël

 

 

Par François-Xavier Plasse-Couture,

Francois-Xavier Plasse-Couture

doctorant en Science Politique à l'Université d'Hawaii à Manoa, chargé de cours à l'université du Québec à Montréal et à l'Université de Sherbrooke.

8 août 2014.

 

Depuis le « désengagement » de Gaza en septembre 2005, se succèdent, entre les opérations militaires d'envergure contre les Gazaouis, des épisodes de « paix » pendant lesquels la vie des Israéliens ressemble à celle des pays européens voisins. En Cisjordanie, l'occupation va bon train. Entre 2005 et 2011, la population de colons israéliens a augmenté de 22%, passant de 425 000 à 520 000 (excluant Jérusalem-Est).

Israël a gagné en tous points. Devant le non respect du droit international régissant les devoirs de l'occupant, la communauté internationale a baissé les bras. Depuis la signature des Accords d'Oslo en 1993, Israël n'a plus à se soucier des frais relatifs à ses responsabilités de puissance occupante. La logique guidant la partition des territoires palestiniens occupés oscille « entre présence et absence sélective, adressant deux stratégies israéliennes contradictoires : territoriale (qui tente d'annexer le plus de territoires possible) et démographique (excluant les zones fortement peuplées par des Palestiniens).» (Wizman, Hollow Land, 2007) Ainsi, les Accords d'Oslo et le « désengagement » ont assuré la pérennité de l'occupation et la colonisation en abandonnant le plus gros de la population palestinienne tout en gardant le contrôle sur l'ensemble du territoire encore colonisable.

La rentabilité de l'économie de la violence depuis le « désengagement » de Gaza, l'occupation est marquée par une administration de plus en plus dépendante d'une logique de « violence retenue » permettant à Israël d'affirmer sa domination sur les territoires palestiniens et sur la population tout en répondant à l'impératif économique. Comme le soulignent des universitaires israéliens, cette violence retenue « promet un contrôle maximal [...] au plus bas prix. ». Au-delà de la mitigation des répercussions politiques d'une longue occupation, l'administration israélienne, en plus de réduire les coûts économiques, exploite maintenant la violence dans les territoires palestiniens comme stimulus économique. C'est dans ce cadre d'économie de la violence qu'il faut situer la présente opération.

Gaza est ainsi devenu un véritable laboratoire d'expérimentation sur la misère humaine et sur le contrôle des populations "non désirables". Laboratoire qui sert également à tester les techniques et armes développées par le complexe militaro-industriel. C'est ainsi que le gouvernement israélien relança l'économie propulsée par son secteur des technologies liées à la sécurité et à l'industrie de l'armement. Les Israéliens ont pris conscience de la "valeur" de leur expérience et savoir-faire en matière d'opérations militaires et policières dans un contexte post-9/11. Il en va de même pour l'armement testé sur des cibles humaines. Ainsi, à la question par le journaliste israélien M. Feldman « pourquoi une telle demande pour les armes israéliennes ? », le ministre de l'industrie israélien, M. Ben-Eliezer, affirmait « Si Israël vend des armes, les acheteurs savent qu'elles ont été testées. » Le journaliste demande alors si cette expérience avec la violence est liée à la croissance économique et le ministre répond : « cela génère des milliards de dollars ».

Cette économie de la violence retenue est basée sur un principe de modulation qui vise à éviter les débordements : des seuils à ne pas franchir sont déterminés pour maintenir un contrôle politique et économique efficace. Les dirigeants israéliens nomment « zone élastique de discrétion » cet équilibre dynamique. Des journalistes israéliens ont révélé l'existence d'un document appelé « Lignes rouges » qui établit une liste de ces seuils. Par exemple, le minimum de calories requises pour soutenir une population de 1.8 million de Gazaouis est réglé juste au-dessus de la définition du seuil de famine de l'ONU et la « zone de discrétion » est constamment réévaluée grâce à la surveillance permanente.

La « paix », cette guerre sans fin

Alors qu'Israël se retire de Gaza, le compte de l'opération « Bordure Protectrice » s'élève à 1817 tués et plus de 9000 blessés du côté palestinien. Ces chiffres révèlent l'ampleur du drame qui se déroule sous nos yeux, qui n'est qu'une montée en intensité de la violence quotidienne de l'occupation.

Destitués via une politique raciale et identifiés comme un " problème démographique", les Palestiniens, entre deux opérations militaires, rencontrent constamment les obstacles de l'occupation qui les dirigent graduellement vers une mort beaucoup moins spectaculaire que les scènes télévisées actuelles. Cette forme de "mort en douceur" prend la forme d'un non-événement où les implications politiques et éthiques de l'État Israélien sont dissipées dans la matrice d'occupation qui implique la taxation, la séquestration de revenus, la violence quotidienne des colons israéliens, un blocus aérien, naval et terrestre, un réseau de "checkpoints", la multiplication des permis, des cartes magnétiques, etc.

Le politologue Achille Mbembe écrivait au sujet de la Palestine : « Les villages et villes assiégés sont enfermés et coupés du monde. La vie quotidienne est militarisée. Liberté est donnée aux commandants militaires locaux de tuer quand et qui bon leur semble. Les mouvements entre cellules territoriales nécessitent des permis officiels. Les institutions civiles locales sont systématiquement détruites. La population assiégée est privée de ses sources de revenus. Tuer de façon invisible s'ajoute aux exécutions ouvertes. » L'odeur des eaux usées suite au bombardement de l'usine de traitement, les coupures d'électricité, le vrombissement des drones, le blocus, les assassinats ciblés, les restrictions de déplacement, le manque de nourriture, les tirs sporadiques venant de la barrière de sécurité qui sert de cage aux Gazaouis sont autant de signes quotidiens qui rappellent que la "paix ", de leur côté du mur, prend la forme d'une guerre sans fin.

Source: Le Monde.fr

 

DOCUMENT

Quand Mikhaïl Saakachvili prenait Israël en exemple (2008)

Selon Opexnews, la Géorgie a procédé aux essais de son premier lance-roquettes construit par les spécialistes géorgiens. « Après la guerre de 2008, les achats d’armements sont devenus problématiques. C’est alors que nous avons compris qu’il ne fallait compter sur personne. En se servant de l’expérience d’Israël et de Singapour qui avaient, tout comme nous autres, commencé à partir du zéro, nos ingénieurs militaires ont utilisé des ressources existantes pour lancer la production d’armes sophistiquées », a déclaré le président géorgien Mikhaïl Saakachvili lors de la cérémonie de présentation.

L’activité de l’industrie militaire de la Géorgie était extrêmement limitée jusqu’ici. Si, l’armée prend Israël en exemple c’est par ce que les Israéliens sont les principaux fourniseurs de l’armée à Tbilisi.

« Les Israéliens devraient être fiers pour l’entraînement et l’éducation données aux soldats géorgiens », a dit le ministre Temur Yakobashvili (1).

Les activités israéliennes en Géorgie et les affaires conclues là-bas ont toutes été autorisées par le ministre de la Défense (israélien). Israël considère la Géorgie comme un État ami auquel il n’y a aucune raison de ne pas vendre de systèmes d’armement identiques à ceux qu’Israël exporte vers d’autres pays.

Ces sept dernières années, des entreprises israéliennes ont aidé l’armée géorgienne par le biais de vente d’armes, d’entraînement d’unités d’infanterie et de conseils en matière de sécurité profitant notamment du fait que le ministre de la Défense géorgien est un ex-Israélien.

Parmi les Israéliens qui ont tiré parti de l’opportunité et ont fait des affaires en Géorgie, on trouve l’ancien ministre Roni Milo, et son frère Schlomo , l’ancien directeur général des industries militaires, le général de brigade de réserve Gal Hirsh, et le général de division de réserve Yisrael Ziv. Roni Milo a mené des affaires en Géorgie pour Elbit Systems, et les Industries militaires, et avec l’aide des industries de la défense d’Israël il a réussi à vendre à la Géorgie des véhicules pilotés à distance (RPV) (des drone, NdT), des tourelles automatiques pour les véhicules blindés, des systèmes anti-aériens, des systèmes de communication, des bombes et des roquettes.

Selon des sources israéliennes, Gal Hirsh a fourni à l’armée géorgienne des conseils sur la création d’unités d’élite du type Sayeret Matkal, et sur le réarmement, et a donné différents cours dans les domaines des renseignements de combat et les combats en zones urbaines.

Les Israéliens opérant en Géorgie ont essayé de convaincre les industries aérospatiales israéliennes de vendre différents systèmes à l’armée de l’air géorgienne, mais ont essuyé un refus. Les raisons du refus sont les relations « spéciales » entre les industries aérospatiales israéliennes et la Russie portant sur l’amélioration de la production d’avions de combat produit dans l’ex-Union Soviétique et la crainte que la vente d’armes à la Géorgie mettent les Russes en colère et les poussent à mettre fin à cet accord. Par exemple, les Russes ont considéré la vente de drones d’Elbit comme une véritable provocation. 40 drones Hermes 450 d’Elbit ont été vendus à la Géorgie.

Cependant, tandis que la tension entre la Russie et la Géorgie s’est accrue, ces derniéres années, des voix de plus en plus fortes se sont faites entendre en Israël – particulièrement venant du ministère des Affaires étrangères – demandant au ministère de la Défense d’être plus sélectif dans les autorisations délivrées pour les ventes d’armes à la Géorgie de crainte de provoquer la colère de la Russie.

« C’est clair que trop de systèmes d’armement identifiables de manière non équivoque comme israéliens trouvés entre les mains de l’armée géorgienne agiraient sur les Russes comme une étoffe rouge agitée devant un taureau», a expliqué la source au ministère de la Défense.

Selon un article de haaretz.com (10/08/08), le ministère des Affaires étrangères israélien a recommandé une suspension totale des ventes d’armes et de tout système de sécurité à la Géorgie. Actuellement Israël réalise pour 200 millions de $ d’affaires dans le domaine militaire avec la Géorgie. Les plus gros fournisseurs d’armes à la Géorgie en dehors d’Israël sont les USA et la France.

Ftouh Souhail

(1) Temur Yakobashvili est le ministre de la Réintégration, nouveau nom donné au ministère de la Résolution des conflits d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Yakobaschvili est juif et maîtrise couramment l’hébreu. C’est un lobbyiste pro-US et pro-israélien important à Tbilisi, où il est entre autre vice-président de la boîte à idées Georgian Foundation for Strategic and International Studies (GFSIS), financée notamment par le département d’État US, la Fondation Open Society de George Soros, Coca Cola et la RAND Corporation.

http://www.terredisrael.com/infos/georgie-larmee-prend-israel-en-exemple/

photo DR

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