MANDELA: "Notre liberté serait incomplète sans la liberté du peuple palestinien"
Ahmed Kathrada avec Nelson Mandela. Photo DR
Ahmed Kathrada, né en 1929 au Transvaal en Afrique du Sud, s'était engagé très jeune dans le combat contre l'apartheid. Il fera 26 ans de prison. Dont 18 ans passées aux côtés de Nelson Mandela à la prison de sécurité maximale de Robben Island.
Après la chute de l'apartheid, Il sera conseiller politique de Nelson Mandela, devenu le premier président noir du Pays. Parallèlement il est administrateur du Musée de Robben Island. Il témoigne: "Mandela a déclaré que notre liberté serait incomplète sans la liberté du peuple palestinien". C'est depuis l'ïle Robben Island que Ahmed Kathrada lance, en octobre 2013, la Campagne internationale pour la libération de Marwan Barghouthi et de tous les prisonniers palestiniens. Il s'en était expliqué dans un point de vue publié par le journal Le Monde que nous avions repris dans notre blog.
EXTRAITS
Avec des leaders tels que Walter Sisulu et Nelson Mandela, nous avons passé plus d’un quart de siècle dans les cachots de l’apartheid, pour la défense d’un idéal qui a fini par triompher : la liberté et une Afrique du Sud non raciale, non sexiste et démocratique. Comme Israël aujourd’hui, le gouvernement de l’apartheid nous a présenté comme étant une "menace à la sécurité", alors qu’il était évident que nous étions des prisonniers politiques menant une lutte de libération légitime contre un régime d’oppression raciste.
Quand les gens pensent aujourd’hui à l’Afrique du Sud, ils se souviennent instantanément de l’image d’un Mandela souriant sortant de prison pour être accueilli par les acclamations de la foule. Se souviennent-ils vraiment des sacrifices personnels que lui et ses camarades ont consenti durant toutes ces années dans les prisons de l’apartheid avant de pouvoir vivre ce moment.
Je pense à ma cellule étroite et je vois le combattant pour la liberté Marwan Barghouthi et les prisonniers palestiniens. Aujourd’hui, près de 5 000 palestiniens demeurent dans les prisons israéliennes. Les violations de leurs droits par Israël, y compris leur droit à un procès équitable, d’être traité humainement, et de recevoir des visites est scandaleux. La détention massive d’hommes, de femmes, d’enfants, la détention arbitraire, et l’arrestation d’élus du peuple sont autant de rappels douloureux de l’injustice dont nous avons souffert pendant l’état d’urgence. Si la communauté internationale était cohérente, le traitement réservé aux Palestiniens aurait dû faire l’objet d’une vague de condamnations et de sanctions.
Marwan Barghouthi a été condamné à cinq perpétuités d’emprisonnement et 40 ans de prison par des tribunaux israéliens qui démontrent régulièrement qu’ils sont des instruments de l’occupation et non de la justice. Il a été le premier parlementaire arrêté. De nombreux autres suivront. Un leader palestinien extrêmement populaire, une figure unitaire et un défenseur ardent de la paix fondée sur le droit international, il a été le principal architecte du "document des prisonniers" adopté par les leaders palestiniens emprisonnés qui définit une voie pacifique menant à l’unité, la liberté et la paix.
Mandela a déclaré que notre liberté serait incomplète sans la liberté du peuple palestinien. Nous observons la Palestine d’aujourd’hui alors qu’elle poursuit sa longue marche vers la liberté et on ne peut que se souvenir de ce que nous avons enduré sous l’apartheid.
L’apartheid, vaincu en Afrique du Sud, ne peut triompher en Palestine.