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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

La "crise" à Alger vue par Isabelle Mandraud

 

 

 

Photo : Isabelle Mandraud

 

 

 

 

Sous le titre "Crise ouverte à la tête de l'armée algérienne", l'article d'Isabelle Mandraud, envoyée spéciale à Alger du journal Le Monde, conclut en évoquant « La mise à nu d'un processus de délitement ».

 

 

 

 

 

 

 

 

DR

 

 

 

 

 

 

 

EXTRAIT

 

 

 

 

 

 

 

 

(...) Les hostilités ouvertes entre l'état-major et le DRS, deux piliers majeurs de l'institution sécuritaire algérienne, semblent bien cependant dépasser le cadre de la présidentielle et la candidature éventuelle de M. Bouteflika contre laquelle au fond, personne, au sommet de l'Etat, n'a opposé de veto. « Tout le monde veut garder Bouteflika », assure un fin connaisseur de la scène politique. Mais le système d'arbitrage traditionnel ne fonctionne plus. L'équilibre interne originel au sein de l'armée est rompu.

 

L'occasion a été fournie par l'onde de choc provoquée par la sanglante prise d'otages sur le site gazier de Tigantourine, au sud-est, attaqué en janvier 2013 par un commando de 29 djihadistes. L'opération, organisée par Mokhtar Belmokhtar, ex-chef d'Al-Qaidaau Maghreb islamique, qui s'était soldée par la mort de 40 employés du complexe, dont 39 expatriés de dix nationalités différentes, a été vécue comme un échec des servicesde renseignement.

 

Passé par la frontière libyenne voisine, le groupe armé avait pu s'introduire sur un des sites les plus stratégiques et sécurisés sans avoir été détecté. « Cette débâcle, cette humiliation internationale a libéré les mécontentements et Gaïd Salah en profite pour décapiter le DRS », analyse le politologue Mohammed Hachemaoui, enseignant à Paris. « Mais cela va au-delà, poursuit-il, on veut éliminer “Toufik”, faire une purge, pour s'emparer du pouvoir dans l'après-Bouteflika. Cela montre aussi l'usure d'un système : cet affrontement est la mise à nu d'un processus de délitement. »

 

 

Le drs est devenu un Etat dans l'Etat redouté

 

Une usure synonyme sans doute également de fin de règne, en présence d'acteurs issus d'une même génération : Gaïd Salah est âgé de 74 ans, « Toufik », né en 1939, est aussi l'un des derniers « janviéristes » (hauts cadres de l'armée à l'origine de l'arrêt du processus électoral de 1991) à occuper un poste officiel.

 

Créé en 1990 pour succéder à la Sécurité militaire née pendant la guerre d'indépendance, le Département du renseignement et de la sécurité avait peu à peu pris son autonomie jusqu'à devenir un Etat dans l'Etat redouté. C'est lui qui contrôlait jusqu'ici les nominations des militaires. Et c'est lui qui a lancé des opérations judiciaires retentissantes dans la lutte contre la corruption qui ont parfois concerné des proches de M. Bouteflika, comme Chakib Khelil, l'ancien ministre de l'énergie poursuivi en justice. Aujourd'hui, le balancier revient en sens inverse, et une partie de l'armée paraît vouloir reconquérir le terrain perdu.

 

Confrontés à cette guerre inédite des uniformes qui se joue alors que de graves troubles ont éclaté à Gardhaïa, à 600 kilomètres au sud d'Alger, des responsables algériens prennent position. Trois personnalités, Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre des affaires étrangères, Rachid Benyelles, général à la retraite et ancien ministre, et Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, ont rendu public un texte, lundi, dans lequel ils jugent « irresponsables » les propos publics de M. Saadani et en appellent à « toutes les forces du pays à exprimer leur refus » d'un 4e mandat de M. Bouteflika, « par tous les moyens pacifiques ».

 

Une bonne partie de la presse algérienne s'est elle aussi engagée. Mais beaucoup d'Algériens, de plus en plus inquiets, s'y refusent. « Vous ne vous êtes jamais occupés de nous, depuis le début nous avons été écartés de vos projets, écrit sur sa page FacebookAbdallah Benadouda, éditeur et ancien chroniqueur. Laissez-nous tranquilles, allez vous battre ailleurs (…). Elisez qui vous voulez, insultez-vous, tuez-vous. Vous nous faites peur. »

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