30 Juillet 2012
« Selon une enquête « Wall Street Journal »-NBC publiée cette semaine, seuls 36 % des Américains font confiance à Barack Obama pour relancer l'économie ».
Washington revoit à la baisse ses prévisions de croissance
Par Karl de Meyer
La mollesse de la consommation des ménages limite la croissance du deuxième trimestre aux Etats-Unis à 1,5 % en rythme annuel. Le chômage ne devrait pas vraiment reculer d'ici à la fin de l'année.
La Maison-Blanche a révisé vendredi à la baisse ses prévisions de croissance pour 2012, après l'annonce par le département du Commerce d'une progression modeste de 1,5 % du PIB, en rythme annuel. Washington n'attend plus désormais qu'une progression de 2,6 % de la richesse nationale cette année et l'an prochain, contre 2,7 % et 3 % respectivement, jusqu'ici. Ces anticipations sont encore supérieures à celles du FMI, qui, lui, projette une croissance de 2 % en 2012 et de 2,3 % en 2013.
C'est surtout la mollesse de la consommation des ménages qui explique la modestie de la croissance : elle n'a atteint que 1,5 %, contre 2,4 % au premier trimestre, le plus faible chiffre depuis un an. Les Américains ont particulièrement boudé les achats d'automobiles. La stagnation du chômage au-dessus des 8 % de la population active et l'incertitude quant à l'évolution des réductions d'impôts qui doivent expirer à la fin de l'année les incitent à la prudence. Le taux d'épargne est à son plus haut depuis douze mois, à 4 % des revenus. Comme l'économie doit croître d'au moins 2 % en rythme annuel pour que le chômage baisse, la Maison-Blanche table sur un taux de chômage encore élevé de 7,9 % à la fin de cette année et de 7,6 % fin 2013.
Les dépenses publiques ont reculé de 1,4 % entre avril et juin, et ce pour le 8 e trimestre de suite. Les exportations ont certes fait un bond de 5,3 %, malgré la crise européenne et le ralentissement de la Chine, mais la contribution du commerce extérieur est négative.
Timidité de la reprise
Cette performance médiocre accroît la pression sur la campagne de Barack Obama, à trois mois de la présidentielle. « Ce PIB faible est une mauvaise nouvelle supplémentaire pour les familles américaines en difficulté », a ainsi commenté le président du Parti républicain, Reince Priebus. Alan Kruger, conseiller économique du président, a rétorqué que « l'économie continue à avancer dans la bonne direction », soulignant qu'elle avait progressé pour le 12 e trimestre d'affilée. Mais la reprise est beaucoup plus timide qu'après les récessions précédentes. Selon une enquête « Wall Street Journal »-NBC publiée cette semaine, seuls 36 % des Américains font confiance à Barack Obama pour relancer l'économie. Ils sont 43 % à penser que son rival, Mitt Romney, un ancien entrepreneur de capital-risque, y parviendrait mieux.
La timidité de la reprise pose la question d'une possible nouvelle action de la Réserve fédérale en faveur de la croissance, alors que la banque centrale réunit mardi et mercredi son comité de politique monétaire (voir ci-dessous). Wall Street semble penser qu'elle pourrait passer à l'acte, sinon cette semaine, du moins en septembre. L'indice Dow Jones a clôturé vendredi, pour la première fois depuis mai, au-dessus de 13.000 points. Il était aussi, il est vrai, porté par les déclarations des dirigeants européens sur l'euro. Mais deux facteurs plaident contre une nouvelle intervention de la Fed : elle pourrait vouloir garder des munitions au cas où la conjoncture se dégraderait encore. Et peut-être voudra-elle éviter de donner l'impression de soutenir le président sortant.
Karl de Meyer, correspondant à New-York, 30 juillet 2012. Les Echos