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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Elections législatives : carnets de campagne(24)

 

Poursuite de la “politique de l'hypocrisie» ou occasion de discuter de choses sérieuses?

 

 

Ouverture de la campagne officielle

 

 

 

Dans son message pour Youm El Ilm, le président de la république évoque « une mondialisation globale, porteuse de changement radical » et appelle à ne pas « manquer le train des mutations accélérées que connaît le monde dans les domaines de la pratique démocratique, des libertés individuelles et collectives et des droits de l’Homme ». (Aps, 14/4)

 

Etonnant alignement public sur des standards démocratiques occidentaux mondialisés lorsqu’on se rappelle les propos du chef de l’Etat, en décembre dernier, contestant ces standards et expliquant que l’Algérie en est "à ses débuts" en matière d’expérience démocratique. 

 

Dans le même temps, le pouvoir multiplie les assurances d’honnêteté. Il n’y aura pas de fraude, assure M. Oul Kablia.

 

L’islamiste Abdallah Djaballah n’en demande pas tant. Il a déclaré hier lors de sa conférence de presse : «L'Administration ne tiendra pas sa promesse portant sur sa neutralité durant les prochaines élections législatives. Néanmoins, le FJD participera à ces dernières rien que pour oeuvrer à un changement”.

 

Cette absence d’illusion semble aussi celle du Front des forces socialiste. Pour ce dernier, qui avait boycotter les précédentes législatives, le contexte est particulier : les élections se déroulent dans un contexte international de menaces aigües sur la souveraineté du pays, et d’aggravation de la crise nationale, héritage de la gestion du pouvoir. Le FFS ne fait pas de l’obtention d’un grand nombre de sièges l’objectif central de sa participation. Ce parti, qui ne s’était jamais départi d’une opposition résolu au système, entend saisir cette occasion pour accroître et rendre plus efficace l’intervention citoyenne dans les affaires du pays.

 

 

 

L’ouverture de la campagne,  ce matin dans la presse

 

 

 

Par Abdelkrim Ghezali, La Tribune “Les électeurs semblent être sceptiques et leur confiance est érodée par des élus nationaux et locaux loin des préoccupations majeures des citoyens. D’autant plus que le gros des électeurs est composé d’une jeunesse en rupture avec les partis et leurs pratiques de la politique saisonnière. Ces derniers ne se rappellent des électeurs qu’à l’approche d’échéances électorales. Les candidatures monnayées au sein de certains partis ont donné la nausée aux électeurs qui s’interrogent sur les objectifs de candidats carriéristes. Ce que redoutent les électeurs en plus de ces considérations, c’est le risque de fraude à laquelle l’administration omniprésente est habitué”.

 

 

Wahida Bahri, correspondante à Annaba de l’Expression: Le spectre de l'abstention, tant appréhendée quant aux élections législatives du 10 mai prochain, semble s'affirmer dans la wilaya de Annaba, où, outre la contestation de la plupart des listes de candidatures, des indépendants notamment, la population annabie, ne semble pas afficher un enthousiasme à l'égard de l'événement, considérant que l'élection de leurs futurs représentants à l'Assemblée populaire nationale, n'aura rien à changer et n'apportera rien de plus à leur wilaya, comme ce fut le cas lors des précédents mandats. Agissant de ce fait, et pour manifester leur refus aux prétendants aux sièges de l'APN, les jeunes de la commune de Sidi Amar ont, dans la journée du jeudi, saccagé les panneaux d'affichage, destinés à la campagne électorale du 10 mai prochain. Un acte motivé par le refus de ce qu'ils ont appelé «la politique de l'hypocrisie».

 

Nawal Imès, le Soir d’Algérie, sous le  l’article de « Les candidats face à la hantise de l’abstention » 

Les partis politiques devront jeter tout leur poids dans cette campagne pour tenter d’inverser la tendance. Le fantôme de l’abstention les hante autant qu’il hante l’administration. Une administration qui a mis tous les moyens en œuvre pour pousser les électeurs vers les urnes : après les sms et le porte-à-porte, les mosquées ont été mises à contribution pour appeler les «bons citoyens» à glisser un bulletin dans l’urne le 10 mai prochain. Le ministère de l’Intérieur multiplie les déclarations de bonne foi, évoquant des dispositions exceptionnelles pour garantir la transparence des élections.

 

Hacen Ouali , El Watan 

Pour la majorité de la classe politique, une «participation massive» est l’enjeu même de cette élection particulièrement ordinaire. L’abstention est fortement redoutée. L’engouement populaire n’est pas perceptible. Les préoccupations des Algériens sont peut être ailleurs. «Il n’y a aucun signe qui prouve un brin d’intérêt pour cette élection», témoigne un jeune de 34 ans qui ne s’est jamais servi de sa carte d’électeur.

 

 

Samir Leslous, correspondant Liberté  à Tizi-Ouzou

Les sièges des partis politiques traditionnellement implantés dans la région et des formations fraîchement agréées commencent à prendre ou à reprendre des couleurs. De l’ambiance aussi. À l’intérieur, candidats et militants affûtent leurs armes, mais à l’extérieur, le citoyen semble plutôt plus branché aux prix des fruits et légumes sur le marché qu’élections.
“Avec un prix de 120 DA le kg de pomme de terre, pour ne citer que ce légume, je pense plutôt à ce que mes enfants devront se nourrir ce soir”, rétorque un quadragénaire interrogé au sujet des élections législatives. Cette réponse est celle qui revient le plus sur les langues à Tizi Ouzou. “Qu’ont-ils fait pour notre région tous les députés que nous avions eu à élire par le passé ?!” s’exclame un autre père de famille.
D’autres encore s’interrogent plutôt sur l’utilité de contribuer à élire des députés qui, comme à leur habitude, se consacreront à se remplir les poches tout en tournant le dos aux populations une fois élus. C’est dire que convaincre la population locale à voter, et encore se distinguer du lot, ne sera sans doute pas une tâche facile pour les candidats à ces élections.

 

 

 

Les Algériens auront-ils une seule bonne raison de se remettre à voter ?

 

 

Saoudi Abdelaziz, 18 février 2012

 

 

 

La question de la participation aux élections législative concerne, bien évidemment, les partis politiques reconnus et inscrit dans les registres du ministère de l’intérieur.

Les citoyens de base assistent de loin aux préparatifs.

 

 

Ne sont pas non plus concernés, directement, les Algériens qui participent aujourd’hui au combat politique mais sans disposer d’un parti correspondant à leurs convictions, reconnu par le ministre de l’intérieur.

 

 

Parmi ces courants exclus de la joute électorale, on peut mentionner les Algériens islamistes qui œuvrent dans le cadre d’une conception libératrice de la religion, en faveur des humbles, présentant des analogies avec les tenants de la théologie de la libération latino-américaine. Ce courant était dans le Fis, a joué un rôle important dans l’ancrage électoral de ce parti, mais, sans s’associer à la lutte armée, ne l’a pas condamné publiquement. C’est sur ce point que joue le régime pour exclure ces « non repentis » du champ politique. Avec beaucoup de mauvaise foi, lorsqu’on voit le nombre d’anciens chefs terroristes avérés, souvent bien sanguinaires, classés repentis sur décision du DRS, dans les allées du pouvoir, des partis autorisés et dans les consortiums économiques.

 

 

Il y aussi l'absence de la gauche marxiste, celle qui se reconnait une filiation dans le Pags, dissous en 1993. Il existe bien une sorte de Pags-canal historique diffus, mais ce courant n’a pas réussi, jusqu’ici, à reconstituer un véritable parti. Les services chargés de la protection du système ont activement travaillé à perpétuer l’atomisation de cette mouvance.

Il faut aussi mentionner l’absence électorale des courants patriotiques républicains se reconnaissant dans la démarche de feu Abdelhamid Mehri, dans l’intermède gouvernementale de Hamrouche ou dans les propositions de Sid-Ahmed Ghozali.

 

 

A cette question préalable existentielle, s’ajoute une deuxième question. La participation ne va-elle pas cautionner la démarche d’un régime qui a décidé qu’il est seul habilité à élaborer la constitution du pays, avec l’intention évidente de rester maître des règles du jeu ?

Les communistes ont depuis longtemps débattu sur la pertinence du boycott dans le cadre d’un régime foncièrement anti-démocratique. Sous le tsarisme par exemple, Lénine avait constamment défendu l’idée d’utiliser les élections comme caisse de résonnance de la politique des Bolchéviques.

 

 

Durant la période d’effervescence électorale 1989-1991, le Pags avait, au départ, commis une erreur impardonnable : celle de soutenir, au lendemain des émeutes d’octobre, le référendum « d’ouverture démocratique » présenté par Chadli en novembre 1988. « Le dernier acte d'un scénario mal ficelé », c’est ainsi que Lakehal Ayat le dernier chef de la SM -qui se venge, dix après, de ce qu’on lui a fait porter le chapeau des émeutes-, caractérise « l’ouverture démocratique » qui a suivi les journées d’octobre. Il a confie à Sid Ahmed Semiane : « Là, je suis tenté de répondre comme le philosophe italien Lampedusa quand il dit « Il faut tout changer pour que rien ne change».

 

 

Comme de nombreux communistes, j’étais hostile à la participation du Pags aux élections communales qui suivront ce référendum, car cette participation s’inscrivait dans la logique de ce reniement originel. Dans mon esprit, le boycott aurait rectifié cette erreur. S’il avait rejeté, au départ, le bricolage constitutionnel proposé par Chadli, nul doute que le Pags aurait été mieux armé pour la joute électorale qui suivra. Emasculé de son radicalisme, il se cassera donc les dents aux municipales.

 

 

Depuis le référendum de 1988, les règles du jeu sont restées en l'état, avec quelques aménagements de circonstances.

 

 

La volonté de changer ces règles du jeu, de refonder la République algérienne sur des bases démocratiques et sociales nouvelles est aujourd’hui bien ancré à gauche. Je pense que dans la période actuelle, le candidat d’un (hypothétique) parti de gauche, sur la base de cette démarcation fondamentale, aurait sans doute pu tirer profit de la campagne électorale pour faire mener avec les gens et sur une plus large échelle un travail de diagnostic de la situation du pays et du monde en vue de définir les priorités de l’action publique. Et faire connaître plus largement la programme de ce parti.

 

 

Les élections prochaines ne sont pas le chemin vers l’exercice d’une influence décisive du peuple algérien sur la marche du pays. Hocine Aït Ahmed a raison d’écrire « Il est bien peu probable que les prochaines élections soient des élections ouvertes. En fait, et sans précautions inutiles, les prochaines élections n'ont aucune chance d'être des élections ouvertes ».

 

 

C’est donc en toute connaissance de cause que le FFS, en tant que parti, prendra sa décision. Elle sera dans tous les cas honorable, venant d’une formation politique authentiquement républicaine.

 

 

Mais, vient alors une autre question. Qu’en pensent les Algériens ? Tout le monde convient que les Algériens ne se reconnaissent pas, de longue date, sauf en 1990-91, dans la vie politique officielle et les scrutins électoraux. Cette désaffection vise un système qui paralyse toute vie républicaine authentique.

 

 

Le peuple algérien aura-il une bonne raison de jouer le jeu et de changer d’attitude en mai 2012?

 

 

Saoudi Abdelaziz, 18 février 2012

 

 

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