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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Chronique du Condjador (2)

Dans  la nuit du 5 juin 2011, un sardinier de neuf mètres a coulé au lieu de pêche appelé Saka (le banc des kabyles, selon la dénomination des cartes marines), à une profondeur de 55 mètres. Le naufrage suit une décision du raïs du bateau de tenter une deuxième tahlika (pêche), après avoir ramassé une première fois 70 casiers de bonite. 

Le naufrage est dû à une manœuvre fréquemment opérée par les sardiniers, après une deuxième tahlika.  Elle consiste à rassembler le poisson pêché dans le filet, de bien le serrer en forme de grande boule qu’on remorque ensuite derrière le bateau. Le 5 juin malheureusement, la bourse était trop grosse et trop pesante et le balancement du poids a fait couler le bateau, dans un laps de temps très court. Les marins, voyant le bateau couler, sont restés bouche bée.

Son ami avec lequel le raïs partageait la communication est venu le plus vite possible à son secours, suite a la coupure de l’appel, et après plusieurs tentatives d’appel avec tous les marins de ce bateau,  le deuxième rais a compris qu’il avait urgence.

Tout l’équipage est sorti sain et sauf de cette mésaventure, y compris le Raïs Kamel, qui était aux commandes. Ce marin très expérimenté est connu au port de Boudis, comme l’un des meilleurs raïs. Il fait partie de cette jeunesse qui a pris le relai et qui a donné des leçons à ceux qui se prenaient pour les anciens imbattables.

Le remorquage du poisson dans le filet derrière le bateau est utilisé pour se rapprocher le plus près possible du port : si un bateau est proche, il prend ce surplus de pêche que les marins n’ont pas pu charger dans les casiers, et partage la recette. Le garde de pêche est très vigilant dans ces cas et des avertissements ont déjà été faits. D’autres peuvent  faire rentrer au port le surplus de la pêche, en petites quantités, par la barque que le bateau traîne derrière et qu’on appelle le pouniguex (la barque annexe). Les temps sont durs pour les marins et ce non-partage avec les autres est dû au grand manque à gagner. Les gens étrangers à ce métier vont le prendre pour de l’avarice, mais ce raïs a déjà partagé ses pêches une multitude de fois et n’a jamais été de ce genre de personne, comme les mauvaises langues a Jijel l’ont interprété.

Les sardiniers, de neuf à dix mètres de long,  sont connus pour leur efficacité pendant l’hiver. Ces bateaux, faits pour la pêche côtière, peuvent naviguer à deux mètres de profondeur parce qu’ils ont un petit tirant d’eau, et faire des pêches sur les plages, des pêches petites mais rentables, vu le cours élevé du poisson pendant cette saison. Mais en été, les prix chutent et pour  compenser, il faut ramener de grandes quantités  pour faire de bonnes recettes et le marin peut, après, faire face aux mois de misère qui l’attendent  jusqu’à l’été prochain.

Ces anciens bateaux sardiniers ne sont pas assurés, et sont toujours bureaucratiquement rattachés à la banque. Heureusement que les marins sont assurés.

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