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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Siècle du soupçon et mondialisation de la peur des vaccins

Photo DR

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L'Algérie entre avec fracas cette année dans le club, de plus en plus large, des pays où les populations évitent la vaccination. Ce n'est pas propre aux populations du Sud, au contraire. Curieusement, parmi les 67 pays visés par une enquête sur le sujet, sept des dix pays les plus méfiants à l'écart des vaccins sont européens, avec la France à leur tête. Manière forte : en Australie, une loi adoptée en 2016 prive des allocations parentales les familles qui ne vaccinent pas leurs enfants.

L'Industrie pharmaceutique fait peur

La campagne de vaccination contre la rubéole et la rougeole lancée au niveau des établissements scolaires n'a pas atteint les objectifs prévus, selon Smail Mesbah, directeur général de la prévention au ministère de la Santé qui explique : "Nous avons constaté des frayeurs, des psychoses, des inquiétudes et des angoisses chez les enfants à cause de ces rumeurs". En effet, de nombreux parents d'élèves ont été dissuadés par les informations et rumeurs, relayées par les télévisions, sur la qualité des vaccins importés et des rumeurs infondées de décès d'écoliers vaccinés.

Pour imposer la vaccination, l'Australie a opté pour une loi radicale en 2016. Dorénavant, seuls les parents d'enfants vaccinés auront droit aux aides parentales. Conséquence : près de 200.000 nouveaux-nés ont été vaccinés l'année passée. Mais en 2017, 140.000 familles refusent toujours de vacciner leurs enfants. Cette année, ils n'auront pas droit aux aides de l'état.

"Reconstruire la confiance"

Une vaste étude conduite dans 67 pays conclut que la France est le pays où l’on doute le plus de la sécurité des vaccins. Plus de 40 % des Français expriment une méfiance à leur égard. Les trente pays d’Europe analysés partagent cette forte suspicion – sept des dix pays les moins confiants sont européens.  En septembre dernier, le quotidien français Le Monde  consacrait un éditorial à cette étude sous le titre: Notre inquiétante méfiance à l’égard des vaccins. On peut lire : "La vaccination est l’indicateur de la confiance des citoyens dans l’Etat, la communauté soignante et les entreprises pharmaceutiques. Force est de constater que, en France en particulier, l’on croit de moins en moins à l’intégrité ou à la compétence de ces trois acteurs. Chaque mauvaise décision, chaque faux pas de communication, chaque scandale sanitaire érode un peu plus la confiance. Nous n’avons manqué aucune occasion de saper la confiance. Il est indispensable de la reconstruire. Et, pour cela, de faire tous les efforts nécessaires pour convaincre de l’importance des vaccins, sans dogmatisme et en comprenant la nécessité d’entendre les doutes exprimés".

Radical

Pour imposer la vaccination, l'Australie a opté pour une loi radicale en 2016. Dorénavant, seuls les parents d'enfants vaccinés auront droit aux aides parentales. Conséquence : près de 200.000 nouveaux-nés ont été vaccinés l'année passée. Mais en 2017, 140.000 familles refusent toujours de vacciner leurs enfants. Cette année, ils n'auront pas droit aux aides de l'état.

En Algérie, c'est à cause du 4ème mandat

Un chroniqueur algérien monte sur ses grands chevaux: "Des parents d’élèves en sont arrivés à refuser que leurs enfants soient vaccinés". Il ajoute : "Dans le domaine de la santé, il est difficile d’envisager un fait plus grave qu’une perte de confiance entre le patient et le médecin". Pourquoi cette perte de confiance? Le journaliste-politologue fait le lien avec son leitmotiv habituel, en mettant en cause "le 4ème mandat" : "Le 4ème mandat a révélé qu’on pouvait faire pire : voir des médias de forte audience et des responsables chargés de veiller sur la santé des Algériens encourager le charlatanisme et les charlatans. Cela a donné les fameux épisodes Bellahmar et Zaïbet, qui ont eu un écho immense au sein de la société algérienne. Dans un tel climat, la remise en cause de la science et de la médecine était inévitable." Cela peut se tenir... Mais alors, pourquoi les Français qui ont François Hollande mais n'ont ni Bellahmar, ni Zaïbet, ni 4ème mandat, et  les Australiens aux antipodes se méfient autant des vaccins que les Algériens? La méfiance à l'égard des industries pharmaceutique mondialisées semble être le dénominateur commun à des populations aussi diverses.

Le mal-être n'est pas "spécifiquement" algérien

Souvent, les aspects négatifs qui marquent tel ou tel aspect de la vie du pays sont présentées comme des faiblesses uniques, spécifiquement algériennes: Il n'y a que chez nous que ces choses-là arrivent, dirait le chroniqueur. Le mal-vivre est donc spécifiquement algérien. Si bien que lorsqu'un classement onusien nous met en tête des "pays heureux" du Maghreb, on est désemparé comme devant une sorte de malentendu.

La mise à nu de l'impasse à laquelle conduit la prolongation de vie de la matrice qui structure encore l'Etat algérien et pervertit la citoyenneté  est difficile si on ne met pas au placard l'idée que l'Algérie vit une situation "spécifique", enfermant la pensée politique dans ce moule qui la paralyser. Souvent, des journalistes traitent une anomalie nationale comme si notre pays était le seul à vivre cette situation anormale. Il faut faire l'effort de voir ce qui se passe ailleurs, pour rechercher d'éventuelles corrélations universelles, dans ce  XXIè siècle, où les êtres humains sont entrés résolument dans la nouvelle ère du soupçon.

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