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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Exploitation du gaz de schiste: ce n'est pas une fatalité

Par M'hamed Rebah, 14 juillet 2014

 

Au-delà du débat (comme l’appellent les uns) ou faux débat (selon d’autres) autour de la problématique de l’exploitation du gaz de schiste, le dernier mot pourrait revenir finalement aux populations locales directement concernées.

Le cas du petit village de Zurawlow, dans l’est de la Pologne, est exemplaire. Ses habitants sont parvenus à interdire au pétrolier américain Chevron – 4e plus grande compagnie pétrolière dans le monde – de procéder aux forages pour extraire du gaz de schiste. Durant quatre cents jours, ils ont bloqué l’accès à la parcelle où le géant pétrolier américain s’apprêtait à effectuer des forages pour rechercher du gaz de schiste. Il y a quelques jours, dans la nuit du 7 au 8 juillet, vers 4 heures, les employés de Chevron ont été contraints d’abandonner la partie et quitter les lieux, emmenant avec eux tous les équipements installés sur les terres agricoles pour effectuer des forages exploratoires pour le gaz de schiste.

A ce jour, aucun puits de gaz n’a été construit dans le village. Selon la presse polonaise, les habitants qui voulaient connaître la composition des liquides utilisés lors de la fracturation hydraulique de la roche, se sont vu répondre par Chevron que c’était « de l’acide citrique, du liquide vaisselle ». Les villageois ont compris qu’il s’agissait de substances chimiques dangereuses et qu’il fallait empêcher cela. Ils se sont inspirés de l’exemple du mouvement Occupy aux Etats-Unis et ont organisé des barrages. Le cinéaste Lech Kowalski, qui a tourné un documentaire sur leur lutte, Holy Field Holy Warest, sorti en France en mars 2014, explique que « les compagnies sont arrivées très arrogantes dans le village, comme si elles pouvaient faire ce qu’elles voulaient ». Il rapporte qu’« elles n’ont pas été honnêtes avec les agriculteurs, et ont travaillé dans le secret ». Enfin, « contrairement à ce qu’elles clamaient à leur arrivée, ce n’est pas une industrie qui a créé de nombreux emplois : seule une poignée de résidents a trouvé un travail ».

La Pologne, qui était présentée par les médias comme le « Koweït du gaz de schiste » en Europe – l’Agence gouvernementale américaine de l’énergie (EIA) a prétendu que ce pays détiendrait 4,19 milliards de mètres cubes de réserves de gaz de schiste – devait commencer l’exploitation commerciale de ses ressources en gaz de schiste en 2014 et devenir ainsi le troisième pays du monde et le premier européen à commencer l’extraction de cette ressource énergétique. L’annonce avait été faite le 27 novembre 2013 par le vice-ministre polonais de l’Environnement, Piotr Wozniak. Le gouvernement polonais, qui avait lancé une première extraction expérimentale en juillet 2013, comptait investir, avant 2020, 12,5 milliards d’euros pour exploiter les gisements de gaz de schiste dont il dispose. Mais ce choix n’a pas fait l’unanimité en Pologne et ce qui s’est passé dans le village de Zurawlow a valeur de symbole de la résistance des agriculteurs et, plus largement, de tous ceux qui, en Europe, s’opposent à l’exploitation du gaz de schiste, et plus particulièrement par la compagnie pétrolière américaine Chevron.

C’est la victoire des associations environnementales et des agriculteurs qui ont défendu leurs terres, alarmés par les anomalies constatées depuis le début des travaux de fracturation, notamment l’eau courante qui aurait pris une teinte anormalement foncée et serait devenue non potable. Comme quoi, l’exploitation du gaz de schiste n’est pas une fatalité.

Source: Reporters-dz

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